Suite au harcèlement policier que subissent les travailleuses du sexe de Belleville, une Assemblée Générale avait été appelée par leur association les Roses d'acier et par le STRASS il y a une semaine. Il y avait été décidé de faire une journée de mobilisation le mercredi 24 juin, voici le compte-rendu de cette journée de lutte.
La journée a commencé avec un pic-nic à Belleville au niveau de la sortie de métro. Un tract des Roses d'acier et du STRASS titré « A Belleville, la police affame les travailleuses du sexe » a été distribué, de nombreux habitantes et habitants du quartier ont ainsi signé la pétition pour exprimer leur solidarité et ont pris part au pic-nic. Loin des mensonges véhiculés par les médias de la bourgeoisie, la grande majorité des habitantes et habitants du quartier se montrent solidaire des travailleuses du sexe face au harcèlement policier. Pour « nettoyer » le quartier la bourgeoisie essaye de diviser notre classe en opposant d'un côté le bon travailleur gagnant honnêtement sa vie et de l'autre la travailleuse du sexe qui salirait le quartier. En réalité cette vision méprisante des travailleuses du sexe n'est partagée que par quelques commerçants réactionnaires ne réalisant même pas que leur commerce devra à leur tour fermer quand le quartier aura été aménagé à l'image du centre de Paris ! Le discours des mairies qui font parts de « plaintes des riverains » s'est retrouvé totalement démasqué, les vrais intérêts derrière cette opération de police se font de plus en plus ressentir par les travailleuses et travailleurs du quartier.
A partir de 15h à l'initiative des travailleuses, nous avons nettoyé ensemble au balais le quartier tout en distribuant des tracts pour expliquer l'action. Le but de cette action était de montrer que les travailleuses du sexe font parties intégrantes de Belleville, elles travaillent ici, elles vivent ici, elles ne se laisseront donc pas expulser ! Elles ont tenu à montrer que ce n'est pas elles qui salissent le quartier.
La journée s'est poursuivie par un rassemblement à 18h. Celui-ci a été ouvert et conclu en chantant la chanson des Roses d'acier, les paroles avec la transcription en pinyin et la traduction ont été distribués pour que toutes et tous puissent participer. La première intervention a été celle d'Aying, la présidente des Roses d'acier. Son intervention a été frappante par le degré de conscience qu'ont les travailleuses de la situation, vous trouverez son intervention en bas de l'article. La deuxième intervention a été celle du STRASS qui soutient depuis le début les Roses d'acier. Cela a ensuite été le tour de l'intervention du Bloc Rouge. Dans cette intervention nous avons mis en avant le concept de triple oppression (de classe, de genre et d'origine), nous avons ensuite continué en insistant que ce problème concerne l'ensemble des travailleuses et travailleurs (car le projet est de transformer tout le quartier pour le mettre à disposition des riches) et nous avons fini en affirmant que nous, maoïstes, seront solidaires de cette lutte jusqu'au bout. Il y eut ensuite une intervention de Femmes en Lutte 93 puis de Médecins du Monde.
La soirée s'est continuée avec une assemblée générale où nous avons pu voir la forte volonté des travailleuses de continuer la lutte. La prochaine journée de mobilisation a été décidée pour le dimanche 5 juillet. Plus d'information suivrons !
Discours d'Aying la présidente des Roses d'acier en français et chinois :
Mesdames, messieurs, mes compatriotes, mes camarades, Bonjour,
Je m’adresse à vous, Vous qui vous donnez tant de mal pour résister ici dans ce quartier !
Il est facile de faire le lien entre une femme et le sol qu’elle balaie. Une femme balaie le sol, parce qu’elle tient une maison, une famille et qu’elle est chez elle, libre, en sécurisée, et satisfaite. Il n’est pas difficile pour une femme chinoises de balayer le sol, le plus difficile pour nous, est de tenir une maison, une famille, entre ici et là-bas.
En balayant le sol ici, nous prenons nos responsabilités.
Aujourd’hui, beaucoup de femmes et leurs familles ont été menacées. Depuis 35 jours, les policiers viennent chaque jour, dans notre quartier, pour nous éradiquer. Ils contrôlent nos identités, nous empêchent de travailler, nous insultent, nous font peur même quand nous allons faires nos courses ou allons à la pharmacie. Depuis 35 jours, il y a déjà eu 7 femmes chinoises arrêtées et placées au centre de rétention, elles risquent d’être expulsées.
Aujourd’hui, mes sœurs, c’est avec du courage que nous descendons dans la rue avec chacune un balai dans la main, pour pouvoir dire à tout le monde que : nous arrivons encore à tenir aujourd’hui, tout simplement parce que ce que nous portons en nous, n’est pas la peur, ni la honte, ni les moqueries des autres, ni l’impuissance de la vie, mais, c’est bien la responsabilité, d’être une mère, d’être une fille, d’être une femme !
Aujourd’hui, nous vivons ici. Nous rions ici, nous pleurons ici, nous travaillons ici, faisons les courses ici, prenons du soleil ici. Certaines d’entre nous sont mariées ici, font des enfants, forment des familles. Mes sœurs, aujourd’hui, nous acquérons une responsabilité de plus, celle d’être dans ce quartier.
Ici, je voudrais simplement poser cette question : qu’est-ce qu’une Belle ville ? De quoi Belleville est-t-il le nom ? Ils nous ont dit, qu’à cause de nous, Belleville n’est plus belle, parce que nous sommes laides, nous sommes sales et nous sommes ignobles. Mais qui sont-ils pour nous juger ? Sont-ils plus beaux que nous, plus propres que nous, plus nobles que nous ? Je ne suis pas d’accord, parce que résoudre des questions sociales avec la violence, c’est nous humilier, nous traiter de tous les noms; et poursuivre l’augmentation du prix de l’immobilier, c’est nous balayer comme des tumeurs sociales; ignorer notre voix, c’est ignorer notre existence, ignorer nos vies.
Mes sœurs, nos vies ne sont pas faciles du tout, nos destins sont peut-être plus amers que les autres. Mais les femmes de Belleville ne sont jamais paresseuses, et ce sol, nous sommes capables de le balayer nous-mêmes !
Ici, j’espère que je peux représenter les femmes de Belleville, exprimer notre gratitude à nos proches, nos amis, nos voisins, nos compatriotes, nos camarades, les associations, les organisations, les collectifs qui nous respectent, nous aident, nous soutiennent ! Merci de ne jamais nous avoir abandonné, tout comme nous n’allons pas nous abandonner nous-mêmes !
Vous vous donnez du mal ! Merci !
姐妹们,先生们,同胞们,同志们,你们好,
你们辛苦了!姐妹们辛苦了!
把女人与扫地联系在一起,并不是一件太困难的事。女人在扫地,她持的是一个家,在这个家里,她自由,她安全,她满足。女人扫地并不难,难的是持家。持这里的家,持那里的家。
扫地的背后,是责任感。
今天,许许多多的女人以及她们的家都受到了威胁。35天以来,警察每一天都在我们的街区中驱赶中国女人们,查我们的纸张,阻止我们工作,辱骂我们,我们甚至走上街买菜买药,都担心受怕。35天以来,已经有7个中国女人被关押在外国人居留中心,可能面临着被遣返回国。
今天,姐姐妹妹们勇敢的走上了大街,拿起了手中的扫把,向所有的人说,我们一直能走到今天的,身上背负着的,不是恐惧,不是耻辱,不是他人的冷嘲热讽,不是生活的百般无奈,而是我们做为母亲,做为女儿,做为女人的责任感 !
如今,我们生活在这里,在这里笑,在这里哭,我们在这里工作,买菜,晒太阳,我们中有的还了结婚,生了孩子,成了家。姐妹们,我们今天的身上又多了另一份责任感,对这个街区的责任感。
在这里我想问一句,什么是美丽城?什么是美丽的美丽城?他们说美丽城因为我们而不美丽,说我们丑陋,说我们肮脏,说我们低贱。仿佛他们比我们美丽,干净,高贵?我并不这么认为,因为用暴力来解决社会问题,辱骂我们,让我们背负各种难听的名字,他们并不比我们美丽;因为为了追求房价,而视我们为毒瘤来清扫,他们并不比我们干净;无视我们的呼声,无视我们的存在,无视我们的生活,他们并不比我们高贵。
姐妹们,我们的生活并不容易,我们命比别人苦。但美丽城的女人们不懒,这地,我们可以自己来扫。
在这里,我希望能代表美丽城的女人们,对一直尊重我们,帮助我们,关心我们的身边的人,我们的朋友,我们的社团伙伴,我们的邻居,我们的同胞,我们的战友,表示我们最真诚的感谢,谢谢你们没有放弃我们,正如我们不会放弃我们自己。
谢谢大家。
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