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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 11:39

Le 17 octobre 1961, après la décision du préfet de Paris Maurice Papon d’établir un couvre-feu discriminatoire contre les ressortissants algériens (enfants, femmes, hommes), le Front de Libération Nationale décide d’appeler à une manifestation pacifique de protestation. Bien entendu cette manifestation est interdite.

De nombreux travailleurs algériens et leurs familles vivent à cette époque dans des bidonvilles, dans une misère indescriptible, avec seulement quelques points d’eau. Les hivers sont très froids à cette époque, le sol est gelé, et seuls des chauffages rudimentaires permettent de faire cuire la nourriture, se laver. L’éclairage est fait de bric et de broc.

Le bidonville le plus peuplé est celui de Nanterre. C’est de là que vont partir des milliers d’algériens en cortège vers le centre de Paris où doit se dérouler la manifestation. Le chemin est long.

Le courage et la détermination des manifestations malgré la fatigue de la journée de travail exercé dans des métiers pénibles et dangereux comme la chaîne à l’usine, le bâtiment, le nettoyage, etc.
 
Arrivé à hauteur du Pont de Neuilly, un immense barrage de police est déployé. Il bloque la manifestation et attaque le cortège pacifique avec une violence incroyable. Les manifestants sont frappés à coups de crosse de fusil, tirés à vue, frappés à coups de matraque, et pour finir, nombre d’entre eux, ensanglantés, morts, évanouis, sont jetés par-dessus le pont de la Seine où ils se noient dans l’eau glacée.

Les autres manifestants ou ceux partis d’autres endroits sont raflés par milliers le jour même et les jours suivants, matraqués, jetés comme des chiens dans les paniers à salade. Sur le pont St Michel, les manifestants sont encerclés et tabassés, jetés dans la Seine. Au cinéma Rex où est prévu le regroupement pour démarrer la manifestation, la police tire sur la foule. C’est la grande rafle, comme celle menée par la police parisienne de nuit contre les juifs qui furent concentrés au Vél’d’Hiv puis remisés à Beaune la Rolande en attendant leur départ parqués pire que des bêtes dans des wagons à bestiaux scellés, jusque dans les camps de la mort, où ils seront exterminés. A cette époque, Maurice Papon, fonctionnaire scrupuleux au service de l’Etat fasciste et collaborationniste de Vichy, signait sans état d’âme à Bordeaux l’arrestation de centaines de juifs qui finiront gazés à Auschwitz.

De nombreux personnages criminels, tortionnaires du type Papon et autres ont été déclarés irresponsables, n’ayant fait qu’obéir, d’autres furent blanchis comme Bousquet dont Mitterrand est resté l’ami malgré ses turpitudes. La plupart n’ont encourus que de courtes peines, certains furent ignorés, voir aidés à se cacher ou à s’enfuir pour servir contre le communisme, les travailleurs, les mouvements de libération nationale comme le FLN, en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie, etc.

Le 17 octobre 1961, le fascisme, le racisme a montré son visage au grand jour. Ce n’était pas un « incident » passager. La bête immonde tenue en laisse par la classe dominante et son appareil d’Etat  est en réserve. Aujourd’hui même il faut être vigilant. Une forme de « fascisme moderne » se fait jour au moyen de l’appareil d’Etat, car ces idées ne sont pas véhiculées que par l’extrême-droite, les groupes fascistes ou néonazis. La montée de cette forme nouvelle peut se développer en utilisant les vieilles méthodes du passé comme le racisme pour diviser les travailleurs. Les conciliateurs et réformistes, en faisant croire que l’on peut dompter le système, le mettre au service de l’homme, paralysent la volonté de la majorité de notre peuple en semant les illusions.

Nous devons rester vigilants, nous organiser pour que les crimes et horreurs du passé ne soient de nouveau utilisés par la classe dominante pour conserver ce système pourrissant qui porte en lui la guerre comme l’orage porte la tempête.

Pour en finir avec l’horreur capitaliste ce système, il ne suffit pas de renverser un dictateur ou changer de gouvernement. Les fantastiques révoltes populaires arabes qui sont un pas en avant montrent leurs limites actuelles. Sans direction, sans parti révolutionnaire, la bourgeoisie peut reprendre en main l’appareil d’Etat en repeignant simplement la façade.

Ceux qui sont morts il y a 50 ans pour la justice et la liberté, pour un monde meilleur, sous les coups des « chiens de garde » de la classe dominante, nous regardent. Nous avons le devoir de poursuivre leur combat pour la justice et la liberté.
   
Parti Communiste maoïste de France                Paris le 17 Octobre 2011

 

 


 

Quelques photos de la manifestation du 17 octobre 1961 et de celle du 17 octobre 2011 :

 

http://a3.idata.over-blog.com/268x300/1/43/41/24/2010-E/2010-F/17octobre61ManifPacifiq-ce7a7.jpg

 

http://ww2.ac-creteil.fr/lycees/93/asabatierbobigny/docs/El%20youm/Photos%20anonymes%20de%20la%20manifestation%20des%20Alg%C3%A9riens,%20%20Paris,%201.jpg

 

http://www.setif.info/IMG/arton4851.jpg

 

http://www.socialgerie.net/IMG/jpg/OCTOBRE_1961_PH-17_20.jpg

 

http://www.bastamag.net/local/cache-vignettes/L400xH263/arton1825-45efa.gif

 

 

 

 


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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 12:34

Les Camarades de Libération Irlande nous ont indiqué cet article intéressant sur l'étouffement du processus révolutionnaire en Afrique du Sud.

 

Cet article a été publié dans le Bulletin d'Information Maoïste du PCUN (maoïste), n°13, Vol. 4. Il faut donc le comprendre comme un support de la lutte contre la droite liquidationniste.

 

La version anglaise est disponible sur Revolution in South Asia.

 

PC maoïste de France

 

 


 

 

Vingt ans après la libération de Mandela, la liberté règne-t-elle en Afrique du Sud?


http://southasiarev.files.wordpress.com/2010/09/soweto-shantytown-1999.png?w=350

En février 1990, le monde assista à la libération de Nelson Mandela après 27 ans de captivité dans les prisons sud-africaines dans des transports de joie , tant était haïs le régime de l’apartheid et l’injustice qu’il défendait. Mandela, qui était l’un des prisonniers politiques détenus depuis le plus longtemps au monde, était devenu une sorte de légende vivante. Les prisons de l’apartheid regorgeaient de milliers de prisonniers politiques issus des dizaines d’années de combat anti-apartheid et représentant différentes organisations et différentes perspectives. Beaucoup de combattants, de dirigeants et de soldats mouraient en prison ou étaient pendus dans les commissariats ou jetés par les fenêtres, sans jamais passer en procès devant les juges en perruque blanche. Le crime de trahison était le plus souvent retenu contre eux.

 

Les masses du peuple sud-africain avaient, dans les décennies antérieures, fait des sacrifices immenses et héroïques au cours de la lutte et pendant les périodes de soulèvement. Les ennemis de Mandela avaient entamé avec lui des négociations secrètes en 1988, et ce n’était un secret pour personne que la libération des dirigeants politiques et la légalisation des groupes d’opposition en 1990 représentaient une tactique réfléchie en vue du démantèlement de l’apartheid et de la réorganisation de la domination politique en Afrique du Sud.

 

A la fin des années 1980, le système de l’apartheid de ségrégation raciale et d’oppression, dans lequel la majorité noire (et les gens d’origine indienne et les sang-mêlés) n’avait pas accès aux droits élémentaires, était en train de pourrir sur pied, sous la pression d’une crise majeure qui était à la fois économique, politique et sociale. Il s’agissait d’une situation révolutionnaire, dans laquelle le régime des colons blancs se rendait pleinement compte qu’il ne pouvait plus contenir le soulèvement politique qui ébranlait le pays par vagues successives depuis 1976, et qui atteignit son pic au milieu d

es années 1980. Les townships où vivait la majorité des Noirs étaient régulièrement envahis par la police, ce qui ne les empêchaient pas de servir de bases depuis lesquelles étaient lancées différentes formes de lutte. Des jeunes, des étudiants, des ouvriers, y compris des travailleurs immigrés, organisaient des boycotts de masses, des refus d’aller à l’école, dans les boutiques, au travail, des grèves, des combats contre la police, puis des marches funèbres combatives lorsque des gens étaient tués par balles.

 

Dans les zones rurales, où la plupart des Africains étaient forcés de vivre dans des réserves à base ethnique, on faisait des émeutes contre les autorités méprisées du bantoustan et leurs escouades de vigiles, on combattait pour avoir de meilleures terres et on résistait aux expulsions de population, qui servaient à consolider territorialement l’apartheid. De vastes sections de la population noire étaient mobilisées d’une façon ou d’une autre dans le combat contre la domination blanche, et des milliers d’entre eux étaient également engagés dans des organisations qui combattaient pour la libération nationale et la révolution et débattaient avec passion des questions de leur avenir.

 


La stratégie contre-révolutionnaire du président P.W. Botha, qui combinait quelques réformes et de modestes garanties sociales avec des tactiques de

divisions dans les rangs des forces anti-apartheid, échoua totalement à stabiliser la situation. En 1986, le gouvernement était débordé au point qu’il déclara l’état d’urgence avec couvre-feu et doublement des effectifs de police, pour occuper les townships en feu. A la fin des années 1980, entre 4.000 et 5.000 personnes furent tuées. Chaque enterrement donnait lieu à des batailles. L’intensité du soulèvement était telle qu’en 1988, le régime interdit pas moins de 31 organisations politiques noires, provoquant ainsi la création de nombre de comités locaux poursuivant la lutte. Celle-ci continua à un haut niveau jusqu’en 1990.

 

C’est alors que les dirigeants de l’apartheid, conseillés par l’Ouest, tendirent la main à Nelson Mandela pour sortir de la crise et étouffer le mouvement révolutionnaire ascendant, en donnant de la crédibilité à un règlement négocié impliquant les organisations anti-apartheid. Ils purent ainsi gagner un temps précieux et purent réorganiser la domination politique de l’Afrique du Sud de façon à ne changer fondamentalement ni le système socio-économique dont elle est la servante, ni la fonction du pays en tant que citadelle africaine, gardienne des intérêts impérialistes dans la région.

 

Comme cela avait été prévu, le compromis négocié en Afrique du Sud eut un effet dévastateur. Il permit d’éteindre les aspirations révolutionnaires de millions de gens, qui au prix de grands sacrifices, y compris celui de leurs vies, avaient menacé de renverser le régime afin de mettre un terme à la domination blanche, à toutes les cruelles oppressions et à la souffrance que cela impliquait. Cette opportunité gigantesque et ce potentiel révolutionnaire furent canalisés dans une élection, avec 19 candidats dont Nelson Mandela pour l’ANC (African National Congress), lequel avait été apprêté pour partager le pouvoir d’Etat avec le National Party légèrement réformé, ce parti réactionnaire qui avait tenu les rênes de l’apartheid pendant presque 50 ans. On appela ce gouvernement sorti des urnes le Gouvernement d’Unité Nationale.

Disposant du droit de vote pour la première fois de leur histoire, il est naturel que les Noirs se soient très massivement tournés vers le populaire Nelson Mandela, ancien prisonnier politique, dans l’espoir que l’ANC tienne ses promesses de libération, rende les terres aux Noirs, mette fin aux inégalités et secoue le joug sinistre qu’ils portaient depuis si longtemps. Mais comment cette prétendue organisation de libération nationale dirigée par Mandela réussit-elle à couler ainsi le processus révolutionnaire? Comment devint-elle l’instrument consentant des classes dominantes?

 

La négociation du partage du pouvoir avec le vieil Etat en 1994


http://liberationirlande.files.wordpress.com/2011/10/sf_mandela.jpg?w=300&h=173La libération de Mandela en 1990, accompagnée de celle d’autres prisonniers politiques, et la légalisation de nombreuses organisations politiques fut une étape-clé dans l’ouverture du processus de négociations en vue d’élections multi-partites et tournées vers le projet gargantuesque de happer dans ce processus la plus grande partie du mouvement de libération noire, y compris ses intellectuels radicaux. Mandela appela le peuple à cesser la lutte, à déposer les armes, à « ensevelir le passé et tendre la main ».

 

Des exemples de la collaboration de classe de Mandela sont assez bien dépeints au début du film Invictus de 2009, où l’on voit Mandela tenter de passer outre la méfiance des militants de l’ANC au moment de partager l’Etat avec leurs anciens ennemis. Une scène en particulier montre Mandela qui accepte de prendre comme gardes du corps ces mêmes policiers de la Special Branch [police politique] qui avaient traqué et tué des militants anti-apartheid.

 

Massivement financé et conseillé par l’Ouest, l’ANC et ses organisations sœurs, les syndicats et le Parti Communiste d’Afrique du Sud, firent passer le message que la lutte antagonique n’était plus nécessaire, qu’un chemin électoral pacifique résoudrait les immenses problèmes du pays si les Noirs – à savoir l’ANC – rejoignaient le gouvernement et travaillaient de l’intérieur à changer la nature de l’Etat.

 

Cherchant à gagner des sièges pour s’attabler à l’intérieur du pouvoir politique tel qu’il existait, et fortement poussé en ce sens par les sections les plus libérales de la classe capitaliste blanche directement rattachée à l’impérialisme et par l’impérialisme lui-même, qui cherchait une solution favorable à leur domination ininterrompue de l’Afrique du Sud, l’ANC devint l’instrument politique tout à fait consentant de ces classes et de ces intérêts auxquels il s’était opposé ostensiblement pendant des décennies.

 

Pis que cela, on vit la capitulation complète de l’ANC lorsqu’au moment crucial de l’histoire, il joua son rôle de soldat du désarmement politique et de la démobilisation active de vastes sections du mouvement qui luttait contre le régime, en persuadant les leaders avec lesquels il avait des désaccords de longue date, y compris des dettes de sang, de rejoindre le projet de négociation.

 

Mandela et le leader religieux Desmond Tutu dirigèrent ce mouvement de « pourparlers en vue de pourparlers » comme on l’appela. Étant donné les vives tensions entre les différents programmes et la lutte contre la politique non-révolutionnaire de l’ANC, un processus de disputes et d’égarements se fit jour parmi les divers groupes de libération, dont le PAC, l’Azapo, les scissions de gauche de l’ANC, les cercles trotskystes dans et hors de l’ANC et d’autres encore, qui demandaient des « garanties » en exigeant par exemple une Assemblée Constituante.

 

Ceci n’empêcha pas le miracle réussi par la bourgeoisie et ses partenaires internationaux, qui consistait à réunir autour de la table du compromis la plupart des dirigeants politiques noirs. S’ils réussissaient, les impérialistes US seraient ravis d’appliquer ce modèle aux autres Etats traversés de conflits et aux anciennes colonies qu’ils devaient stabiliser politiquement suite à la péremption des arrangements ayant suivi la Deuxième Guerre mondiale.

 

Une composante importante de ce modèle était de construire une classe moyenne noire privilégiée ayant un intérêt matériel dans le maintien du système, et d’attirer ceux qui aspiraient à prendre une place dans l’élite. En échange, ces derniers continueraient à persuader la majorité pauvre de la population qu’il n’y avait pas besoin de renverser le capitalisme, mais de devenir partie prenante de son développement, lequel exigeait qu’on fasse la paix avec ceux qui sont à son sommet, qu’ils soient noirs ou blancs.

 


Un des mythes qui persiste au sujet de la transition sud-africaine, affirme que celle-ci a été pacifique. Mais l’accord négocié a été cimenté par une combinaison de pourparlers et de violence. Quand la presse bourgeoise internationale jacasse au sujet de « l’évitement de la guerre civile », cela signifie qu’il n’y a pas eu de « guerre de races » ouverte entre les groupes extrémistes blancs, qui avaient été plus ou moins neutralisés et intégrés au compromis politique eux aussi, et les masses noires. En réalité, on vit un processus très sanglant où l’apartheid muta jusqu’au partage des pouvoirs au début des années 1990, et lors duquel 13.000 vies noires furent perdues.

 

Des combats répétés se déclenchèrent, ou furent orchestrés, entre l’ANC ou d’autres organisation politiques d’une part, et d’autre part les nationalistes de la droite zouloue du Inkatha Freedom Party de Gatsha Buthelezi et ses forces paramilitaires, soutenues par la police, les forces de sécurité et les groupes blancs conservateurs qui cherchaient à déstabiliser les élections. En outre, des contradictions aiguës entre d’une part le United Democratic Front, modéré, l’ANC et sa base jeune et révoltée, et d’autre part l’Azapo, le PAC et d’autres groupes politiques gravitant autour des mouvements pour la conscience noire, tournèrent souvent à l’affrontement violent. Enfin, persistait la violence étatique visant à réprimer la lutte ascendante du peuple.  Dans le film de « science-fiction » District 9, elle est dépeinte dans une optique futuriste en tant qu’assaut armé contre les masses extra-terrestres de « crevettes ». Mais un tel état de choses était une réalité quotidienne dans les townships, qui aboutit à plusieurs massacres après 1990, de Bisho dans le Ciskei à Sebokeng dans le Gauteng.

 

La voie passant par les arcs-en-ciel raciaux et l’harmonie des classes, et qui prétend faire l’économie de la mobilisation du peuple pour se débarrasser de l’Etat existant et pour déraciner le système qui lui est sous-jacent, attira beaucoup de gens parmi les opprimés, surtout dans les classes moyennes. C’est en effet une voie plus facile que la révolution. Mais il reste un problème, l’amère expérience sud-africaine le montre depuis vingt ans, c’est qu’elle est entièrement illusoire et imaginaire.

 

En réalité, la société est aussi divisée par la ségrégation que jamais, sauf que l’échafaudage légal de l’apartheid qui la soutenait a disparu. Malgré une classe moyenne noire croissante et très visible, les inégalités entre riches et pauvres ont augmenté dans les faits. De nouvelles libertés politiques, plus étendues que sous la domination blanche, servent principalement de canal de pression sur l’ANC pour qu’il rende divers services, et de moyen électoral pour le garder au pouvoir. Alors qu’il y a vingt ans, toute une génération était prête à tout envoyer valser pour arriver à quelque chose de nouveau, de différent et de vraiment libérateur.

 

En même temps, l’expérience de beaucoup de gens leur a appris à se méfier des issues négociées et la colère passée et présente gronde devant ce processus d’imposture. La lutte révolutionnaire des masses a été vendue pour obtenir la possibilité de voter pour un gouvernement noir qui, malgré ses promesses démagogiques, est en réalité gouverné par les besoins et les impératifs du système capitaliste-impérialiste, qui est fort bien servi par une telle posture. Des luttes ont émergé contre la trahison du peuple commise par l’ANC, mais le courant gigantesque aimanté vers la citoyenneté dans une démocratie libérale a eu un effet puissamment débilitant, c’était d’ailleurs son but, et il a polarisé les choses dans un sens tout à fait défavorable à la révolution.

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 17:18

Les camarades du Red Block d'Italie appellent à une commémoration révolutionnaire des 10 ans de la mort de Carlo Giuliani à Gênes.

 

Voici leur appel et affiche (à voir également sur http://redblock-it.blogspot.com/).

 

http://2.bp.blogspot.com/-tbiMSYs1s7g/TfHMdDSe73I/AAAAAAAAA9I/lg4oYPDF7io/s1600/GE2011.jpg

 

 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 16:47

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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 20:14

A partir des années soixante, un fort mouvement marxiste-léniniste (m-l) va se développer, les deux principales organisations vont être le P.C.M.L.F et la Gauche Prolétarienne. Les deux seront liquidées car les lignes développées par l'un et l'autre ne seront pas correctes. Ce mouvement va se développer à partir de la publication de la lettre en 25 points publiée par le P.C.C (Parti Communiste de Chine) en 1963, qui dénonce la ligne révisionniste de Khrouchtchev, et la critique des positions de Thorez et Togliatti, dirigeants du PCF et du PC d’Italie respectivement. Le premier regroupement des m-l va se constituer par la création des Amitiés Franco-Chinoises, puis par la constitution de la Fédération des cercles ml, du Mouvement Communiste de France puis du P.C.M.L.F en 1967 (Congrès de Puyricard). Le second va provenir de la lutte au sein de l'Union des Etudiants Communistes, qui va donner naissance à l'Union des Jeunesses Communistes Marxiste-Léniniste. Après les événements de 68, une partie va rejoindre le P.C.M.L.F. et une autre va fonder avec une partie du mouvement du 22 Mars et divers éléments de 68, la Gauche Prolétarienne.

Nous mettrons l’accent sur les aspects positifs de la Gauche Prolétarienne sur lesquels nous pourrons nous appuyer pour avancer. Certes elle avait un aspect spontanéiste, mais au-delà de ce grave défaut, la G.P a mené la lutte contre le révisionnisme, a révolutionné les luttes en s'appuyant sur les masses, a commencé une guerre populaire de basse intensité. C'est ce que nous allons montrer avec nos propres commentaires car nous avons connu cette époque et pouvons apporter une contribution pour que la jeune génération s'empare des idées justes, des aspects positifs, que ces idées aident à l’édification du parti maoïste. Notre parti doit participer pleinement à côté des autres partis maoïstes du monde à la nouvelle vague révolutionnaire initiée par le Parti Communiste du Pérou dirigeant la guerre populaire  depuis 1980, par le Parti Communiste du Népal (maoïste) depuis 1996, aujourd’hui engagé dans un processus démocratique après sa victoire aux élections, le Parti Communiste maoïste de Turquie, le développement important de la guerre populaire  dirigée par les maoïstes en Inde etc.

Nous ne négligerons pas dans une autre brochure d'analyser les déviations et leurs sources qui ont conduit à la liquidation du P.C.M.L.F et des autres groupes m-l et du courant pro-albanais ainsi que de la tentative courageuse mais erronée sur le plan théorique du groupe Action Directe. Nous devons apprendre des aspects positifs des uns et des autres, mais examiner sans faiblesse les erreurs qui ont été commises dans le but de résoudre le problème.

Chaque parti doit appliquer le marxisme-léninisme-maoïsme à sa réalité, en partant des acquis, des exemples de guerre populaire de son propre pays, sans négliger d'examiner ce que nous pouvons apprendre des autres peuples. Nous devons tirer les leçons des expériences historiques de la Commune de Paris et de la Résistance dirigée par le PCF pour la préparation de la guerre populaire. C'est pourquoi, nous avons fait un historique succinct le plus précis possible de la politique du P.C.F/P".C".F, pour montrer ce qui a été positif malgré son caractère très souvent opportuniste puis révisionniste. Et surtout, utiliser les aspects positifs de ce qui a été la meilleure application du maoïsme dans notre  pays par la Gauche Prolétarienne tout en examinant les aspects négatifs qui ont amené à sa liquidation.

LA GAUCHE PROLETARIENNE

La Gauche Prolétarienne est née d'une fraction de l'U.J.C.M.L dirigée par Beni-Lévy (Pierre Victor), d’éléments du 22 Mars et de Geismar dirigeant du SNES-UP en Mai 1968.

Ce qui nous intéresse dans la Gauche Prolétarienne, c'est que malgré son spontanéisme, son putschisme, elle avait su s'appuyer sur les masses, elle avait une ligne de masse.

Fin 68, la G.P a mis sur pied, un plan stratégique, un plan pour la guerre populaire. Ce plan n'a pas été jusqu'à son déclenchement, elle n'a pas franchi le pas. Ceci est un fait, pour autant la G.P a été l'organisation qui s'en est rapprochée le plus, malgré sa liquidation par la direction et les éléments petits-bourgeois de l'aile anarchisante qui était devenue dominante. Pendant la période du révisionnisme ouvert, c'est à dire dans les années soixante-dix, c'est l'organisation qui a été le plus loin dans la révolutionnarisation idéologique.

La G.P reprenant l'idée de "Servir le Peuple", a commencé par servir le prolétariat en partant de la révolutionnarisation de la jeunesse, notamment de la jeunesse étudiante mobilisée pendant Mai 68. Le principe d'aller aux masses, d’apprendre près des masses, s'est concrétisé en Mai 68 par la tentative de jonction des étudiants avec les ouvriers de Renault-Billancourt, liaison qui a été empêchée par les révisionnistes qui dirigeaient la C.G.T. dans cette usine. Il n'en a pas été de même à l'usine de Flins, où les ouvriers révolutionnaires assaillis par les C.R.S. et gardes mobiles qui voulaient les évacuer ont fait appel aux étudiants qui sont venus en masse se battre à leurs côtés. Aussi le premier souci de la G.P a été d'établir ses militants dans les usines, là où le prolétariat était concentré. Renault-Billancourt, en tout premier lieu, la citadelle ouvrière, Flins également, sur le bassin minier du Nord, dans les aciéries (vallée de la Fenche), sur les Chantiers Navals à St. Nazaire, dans le bassin d'usines de Creil, à Lyon, à Fos près de Marseille etc.

La répression des révisionnistes dans la C.G.T. contre les ouvriers révolutionnaires n'avait pas permis de consolider les sections syndicales CGT de lutte de classes car les militants étaient exclus manu-militari et que les ouvriers les plus résolus considéraient la direction de la C.G.T. comme vendeur d'ouvriers. Dans ces conditions ont été créés les comités de lutte d’atelier en dehors des syndicats.

La G.P a été l'organisation qui a le plus généré de nouvelles organisations de masses. Son grave défaut a été de ne pas se consolider et s’organiser sur des bases réellement marxistes-léninistes-maoïstes. Elle n'a pas su ou voulu édifier le parti de type nouveau bien qu'elle l'ait annoncé dès sa création.

Ceci dit ce n'est pas que la G.P n'est pas assumée ce rôle qui nous intéresse, c'est ce qu'elle a fait dans la pratique qui à bien des égards est éminemment révolutionnaire. Ce n'est pas par nostalgie du passé, mais parce que nous pensons que cela peut servir l'avenir. Dans notre pays nous avons comme exemples de guerre révolutionnaire, la Commune de Paris, la Résistance Antifasciste, Mai 1968 et l'organisation qui a tenté un moment de reprendre la voie menant à la guerre civile révolutionnaire, à la guerre populaire.

A Renault la G.P allait tenter de mettre en place des formes de luttes radicales, extra- syndicales, des luttes qui ne respectaient pas les normes habituelles.

 Dans la brochure "Renault-Billancourt - 25 règles de travail", la GP écrit : "En Octobre 1969, les Comités d'Action qui restaient à Renault après 68, avaient été détruits par les groupuscules..." Les forces de la G.P à ce moment là à Renault-Billancourt : "Deux intellectuels établis, deux ouvriers qui s'embauchent...autour d'eux...se constituent des petits groupes d'ateliers... 1ère campagne pour les 5 morts d'Aubervilliers - janvier 70 - qui nous rapprochent des travailleurs immigrés de l'usine… Campagne du métro...contre l'augmentation on passe sans payer... La résistance par l'action directe ! ... Le lundi les ouvriers de l'équipe se regroupent. Le mardi et mercredi, c'est à 400 qu'on sort de Renault, drapeau rouge en tête aux cris de Résistance Populaire. Aux guichets, 3 flics téméraires s'avancent : trois de moins, 3 ou 4 autres en prennent plein la gueule... Le Jeudi, les flics ont compris... c'est les ouvriers qu'ils doivent essayer d'empêcher de passer, au guichet on tombe sur 8 flics de la RATP, ils tentent de cogner. 8 gorilles à l'hosto." La direction C.G.T. révisionniste dénonce violemment les maoïstes.

Autre exemple de démarcation d'avec la C.G.T. qui demande des augmentations mais pas au pourcentage, alors que les maoïstes disent : « L'augmentation au pourcentage, c'est faire la grève pour les chefs ! Pas d'augmentation hiérarchisée». Ce raisonnement est juste il sera repris 3 ans plus tard, par des camarades maoïstes dirigeants du syndicat C.G.T. de Sanders-Juvisy (alimentation animale), en disant le kilo de beefsteak vaut le même prix pour les cadres. Ils obtiendront à ce que la moitié des augmentations soient uniformes, le reste au pourcentage parce que F.O. qui représentait les cadres ne voulait pas céder sur le fond.

Contre les cadences infernales un mouvement de sabotage avait eu lieu dans l'île Seguin, mais la répression était forte "chefs racistes, mouchards, régleurs"… l'idée était que les ouvriers actifs, français ou immigrés, syndicalistes ou non, portent un jugement contre un chef particulièrement haï. "La cible choisie :  c 'était Robert, un régleur qui faisait fonction de chef d'équipe ; fasciste militant, il est au syndicat indépendant Renault ; c'est un salaud qui n'est monté en grade que par fayotage, ce qui fait qu'il était même détesté des autres chefs d'équipe. L'équipe des partisans des G.O.A.F (groupe ouvrier anti-flic) l'attendaient à la porte de l'usine, un ouvrier le frappe devant 300 ouvriers pendant qu'un autre prend la parole  et qu'un autre jette des tracts avec le texte du jugement populaire... le lundi 2500 tracts sont distribués clandestinement dans l'usine... Enthousiasme dans les endroits où la maîtrise est très répressive..." Parmi les chefs les réactions sont contradictoires : "Les plus fascistes n'essaient pas de jouer au malin. D'autres se mettent à dire bonjour aux ouvriers. Ceux qui n'emmerdaient pas leurs ouvriers trouvent la sentence normale. Le terrorisme des chefs se relâche... Les syndicats sont divisés : de nombreux militants et même des délégués de base, trouvent l'action juste... l'idée de l'application de la justice populaire dès aujourd'hui à Renault pénètre les masses. Le tribunal populaire de Lens  (contre les Houillères)... le jugement d'un député U.D.R par les ouvriers de Boussac et le jugement du député U.D.R De Grailly, bénéficiaire du scandale financier de la Villette et rapporteur de la "loi scélérate" anti-casseur, l'exécution par les révolutionnaires basques du tortionnaire Manzanas ne sont plus des exemples lointains" Ces quelques citations montrent la ligne de démarcation entre les maoïstes et les révisionnistes à Renault. Les premiers reprenaient les traditions des communistes pendant la résistance avant que les liquidateurs dissolvent les milices ouvrières, les comités locaux et départementaux de Libération et pour finir qui ont rendu les armes. Les maos eux renouaient avec le passé glorieux du parti communiste.

Le premier comité de lutte d'atelier va voir le jour pour organiser l'occupation de l'usine. L'idée qu'il faut une organisation représentative de toute l'usine naît. Les luttes d'ateliers contre les cadences et la répression se développent. "On pense que l'instrument indispensable pour créer l'union des Comités de Lutte à Renault, c'est  d'avoir un embryon de parti dans l'usine, c'est ce qu'on va s'attacher à créer".

L'idée du parti, de considérer la G.P organisée dans l'usine comme un embryon du parti part de l'idée que le parti ne se crée pas en dehors des masses. Les maos de G.P eux-mêmes disent "il faut former des cadres maoïstes d'atelier", ce qui veut dire que la direction maoïste existe déjà, a une stratégie et adopte des tactiques sans perdre de vue la stratégie de la guerre populaire, de la guerre de guérilla pour détruire l'appareil de la bourgeoisie.
"Militer en appartenant à un syndicat, en ayant un mandat de délégué peut donner pendant un certains temps l'illusion de bons résultats. Mais quand il y a un mouvement de masse qui est brisé par les syndicats, si l'on a pas constitué auparavant par des luttes autonomes une organisation autonome par rapport aux syndicats capables de proposer une issue aux masses, c'est foutu : les masses sont désarmées, n'ont qu'une issue : l'écoeurement".
"Il faut répudier dans nos rangs toute idée, toute pratique syndicaliste" "développer toujours dans les actions que l'on impulse l'idée de prise du pouvoir, partielle, momentanée des travailleurs, de montrer que toute amélioration partielle, momentanée du sort des travailleurs naît de la force, du pouvoir partiel, momentané des travailleurs.
C'est simple : comment fait-on la percée dans une usine ?" Chaque fois que nous nous sommes battus, nous avons progressé. Chaque fois que nous avons hésité à nous battre quand il le fallait, nous avons stagné ou régressé C'est dans la lutte que l'on avance, et dans la lutte on ne peut avoir des pertes". "Dans une lutte on part des idées des masses, même si on a des pertes, les idées seront passées et on pourra reconstruire si on travaille avec un plan... L'idée "Il faut conserver nos forces". Cela reviendrait à tenter une accumulation pacifique des forces qui ne serait qu'un pas vers le révisionnisme."   
"Il faut distinguer les amis et les ennemis, il faut unir le plus possible pour attaquer la cible la plus restreinte possible. La question des syndiqués est importante : il faut riposter énergiquement à la police syndicale, mais traiter fraternellement les autres syndiqués."
    "Deux idées doivent être liées dans notre travail :
    - l'affrontement avec nos ennemis.
    - l'unité la plus large.
La question des syndicats est importante. Il faut riposter énergiquement à la police syndicale, mais traiter fraternellement les autres syndiqués.
C'est dans les ateliers, en partant des idées des ouvriers que l'on peut voir quels sont les syndicalistes flics et les syndicalistes proches des masses.

"Il faut mener le travail politique sur la base d'une zone et pas seulement de l'usine. Le contenu du travail politique doit être large (l'usine, les autres usines, les autres couches sociales contestatrices, les luttes démocratiques générales, les luttes des peuples du monde, etc..). Il faut répudier tout ouvriérisme étroit".
"L'usine est une base d'appui… campagne contre l'augmentation des prix des transports... action de la milice multinationale à Citroën pour casser la gueule aux indépendants... généraliser l'aide mutuelle des deux usines."
"Pour percer sur une usine, il faut trouver les travailleurs où ils sont en masse (porte, cafés, foyers, cités etc..) faire parmi  eux du travail de masse et pas attendre d'un ou deux contacts intérieurs."

"La révolution idéologique, c'est implanter l'idée "Il nous faut le pouvoir,  et pour cela il nous faut unir le peuple et faire une lutte armée prolongée" "La question du pouvoir, de l'union du peuple, de la guerre, ça ne peut pas se poser seulement à partir de l'usine. La révolutionnarisation des travailleurs se fait donc dans les luttes à l'intérieur et en dehors de l'usine."

"Il vaut mieux faire de petites choses... au début du travail à Renault. On s'est appuyé sur deux ateliers, pour  se lier aux masses et constituer au moins un petit groupe...et on a fait la première campagne quand on a été capables de saisir les idées des masses à Renault sur un problème... Il faut partir du besoin des masses, il faut aller partout où, il y a un mouvement de masse... Il y a toujours quelque chose à faire"... Il faut mener un travail de masse prolongée et pas du papillonnage "Il faut organiser tous ceux qui peuvent être organisés de la façon dont ils le peuvent et veulent... il faut laisser  chacun développer son initiative. Il faut être souple pour organiser..." "Exemples : actions de milice, de rue, traduction de tracts,  réunions par nationalités, etc. " Partir du besoin d'unité des masses, pour unir dans la lutte les éléments actifs d'opinions différentes, d'organisations différentes... pour impulser et consolider milice et comité de lutte, il faut s'attacher à faire un noyau mao qui impulse et dirige les luttes, développe une lutte politique constante, en particulier par l'édification de réseaux de diffusion et de  discussions de la Cause du Peuple"... Sur la base de la lutte des classe, il faut former un noyau dirigeant, ce n'est pas le conseil syndical, avec un représentant par section, c'est une direction politique".  

Dans  "Pour l'essor des luttes anti-hiérarchiques" est dénoncé la thèse révisionniste : "La théorie du complot... on ne peut réduire la lutte des classes à une sombre histoire faite de complots et d'intrigues. Pourtant pour la direction C.G.T., cette théorie est tout à fait logique. Voyons pourquoi ? La direction C.G.T. est CONTRE les luttes anti-hiérarchiques, elle est contre la contestation de l'actuelle division du travail, contre les augmentations uniformes de salaire, contre la contestation de la hiérarchie".
Pour certains : "sans la C.G.T., on ne peut rien faire"... C'est vrai : la direction C.G.T. détient une force importante d'IMMOBILISATION des masses... cette force d’immobilisation s'appuie sur la tradition C.G.T. et sur les idées de droite (peur, besoin fictif de sécurité) dans les masses" Mais la faiblesse de la C.G.T. est évidente... La direction C.G.T. ne peut pas MOBILISER les travailleurs comme ils aspirent : dans une lutte efficace contre le pouvoir patronal". Quand à la C.F.D.T. " elle est aussi pour L'UNITE DU PERSONNEL".

 "L'Union des Comités de lutte a été à l'origine de l'extraordinaire mouvement idéologique contre la hiérarchie et son rempart militaire : les milices patronales."
"La N.R.P (Nouvelle Résistance Populaire) doit partir de ce mouvement idéologique pour diriger les mouvements de masse autour des revendications de justice."
 "1° Dans les bases d'usine, il faut sans tarder aider les masses à établir démocratiquement leur cahier de revendications de justice
 2° Il y a des batailles qui se déclenchent dans des usines où il n'y a pas encore eu des efforts d'édification consciente de la force autonome. Que faut-il faire ? Y ALLER... se lier aux gars, donc avoir une présence constante et active... mettre la population dans le coup, les autres usines de la ville, ouvrir le débat de masse sur la question de l'heure ; comment défendre actuellement une grève... défendre la guerre, c'est à dire contre la milice fasciste ...autrement dit du début à la fin du mouvement, il faut agir comme les défenseurs les plus efficaces du mouvement, il faut critiquer l'irresponsabilité des syndicats, qui sont impuissants à conduire ces mouvements durs contre un patronat de combat" "Pour conclure, il faut clairement expliquer ce que doit être aujourd'hui le comité de lutte, absolument indispensable pour l'essor des luttes".

SUR LE PROGRAMME

Dans la brochure "Coup pour coup" La G.P dit : "Quand nous aurons pris l'usine, il n'y aura plus de patron...les ouvriers, les techniciens et les cadres politiques désignés par les masses coopéreront pour diriger la production et la gestion... ils produiront pour le peuple...Ils respecteront les grandes lignes du développement fixé par le pouvoir populaire...Les idées, les créations des travailleurs serviront de base pour l'innovation et le progrès technique. L'Université actuelle sera totalement détruite : actuellement il y a ceux qui pensent  et ceux qui triment et l'Université sert à renforcer cette division"

DE LA RESISTANCE A LA LIQUIDATION

Les cahiers prolétariens N°2 de Janvier 74 "Mai 68 - Lip - ET MAINTENANT, QUE FAIRE ?" sont les cahiers de la liquidation. Cette liquidation vient bien sûr de la ligne erronée, spontanéiste et putschiste de la Gauche Prolétarienne.

Une idée juste ; il faut lutter contre le pouvoir despotique qui "crée une discipline de caserne ('Capital' tome 2, page 105-106) "la base fondamentale du pouvoir de la bourgeoisie réside dans son pouvoir despotique à l'usine" et "l'extension du despotisme à toute la société"…    "Si le pouvoir despotique dans l'usine est la base, la matrice de tous les pouvoirs qui existent dans la société capitaliste il reste que le pouvoir d'Etat central est celui que la bourgeoisie doit conserver si elle veut être assurée de se maintenir et que le peuple doit conquérir" mais la conclusion que les liquidateurs en tire c'est que "Prendre le pouvoir peut durer une heure, une journée, trois mois, un contre-cours dans un lycée, la constitution de la commune ouvrière... des opérations de contre-pouvoir, voilà qu'à Lip toute une série d'opérations de contre pouvoir ."Prendre du pouvoir partout où c'est possible, afin de prendre tout le pouvoir dans une France de démocratie nouvelle". Cette phrase est typique de la démarche petite-bourgeoise mettant les luttes prolétariennes sur le même plan que les luttes du peuple en général et la démocratie nouvelle à la place de la dictature du prolétariat. Ce sont sur le fond les mêmes thèses que celles du P."C".F. sur la démocratie populaire, reprises par le P.C.M.L.F dans sa brochure" EN AVANT pour une démocratie populaire" qui se camoufle sous la seconde phrase "fondée sur la dictature du prolétariat !". C'est là que le bas blesse.  La G.P rejette à ce moment là, le marxisme-léninisme-maoïsme et la dictature du prolétariat, tout comme le P « C » F ou le PCMLF dès le programme de Puyricard.

Mais dans le chapitre suivant "défendre militairement le pouvoir populaire"et d'en conclure "A partir des forces locales, issues directement des masses, nous devons construire les milices clandestines, base du mouvement national" point de vue juste qui va être balayé 6 mois plus tard par la dissolution de la Nouvelle Résistance Populaire (embryon d’armée populaire) et de la Gauche Prolétarienne.

"Du pouvoir ouvrier de l'unité ouvrière" "L'antisyndicalisme n'est pas né d'un caprice. Il est sorti d'une pratique, il est sorti de la vie à la fin de Mai 68 dans la résistance ouvrière à la capitulation des syndicats" puis "la gauche ouvrière est passée d'une pratique antisyndicaliste à une autre : l'exercice du contrôle direct par la masse des ouvriers sur la direction de la lutte" "Conclusions" "Nous devons substituer à une organisation anti-syndicaliste qu'avait tendance à être l'UNCLA [Union Nationale des Comités de Lutte d’Ateliers], un mouvement qui soit un lieu d'échange, qui soit le plus souple possible, un mouvement extra-syndical d'être un initiateur de l'unité ouvrière et qui ne vise pas à organiser une tendance politique particulière". Puis la couleur est annoncée dans les thèses de "Pour un mouvement du 12 Octobre en quelque sorte" : " Chaque milieu social révolutionnaire construit son mouvement du 22 mars ; ces organismes n'ont pas besoin d'être doublés pour penser correctement, il n'est donc pas question de doubler le comité de lutte par une cellule communiste. Si l'organisation révolutionnaire (retour à la coordination des mouvements divers du 22 Mars en quelque sorte), " il est vital de doubler cette structure horizontale par des lieux de masse, des maisons pour tous...il n'y a pas de"révolutionnaires professionnels "".

Plus loin dans Regards Occitans "Sur les alliances de classe" : "Dans les régions comme la Bretagne ou l'Occitanie, la paysannerie joue un  rôle de "force principale" dans les luttes sociales". Ce qui est faux, car la classe ouvrière est bien plus nombreuse que la paysannerie, même si à certains moments des luttes paysannes importantes peuvent être un détonateur. "Le centralisme démocratique est inconcevable comme modèle d'organisation en France en 1973. Seul un principe "fédératif" peut convenir" et de se référer à la Commune de Paris, Narbonne, Marseille. "Notre critique du "nationalisme" comme fondement des mouvements des minorités ethniques conduit au fait que nous ne sommes pas pour la constitution de partis nationaux bretons ou occitans". Ce dernier point de vue est juste, la réorganisation de la France ne peut se réaliser qu’à partir d'un plan central, basé sur l'enquête des besoins locaux d'un côté et de l'autre les moyens centraux mis en oeuvre pour que cette réorganisation tendant à une répartition correcte équilibrée de la population, des moyens de productions, d'échanges etc., ne peut être réalisée qu'avec un juste équilibre entre le centre et les différentes régions, en tenant compte des particularités, avec le droit à l’autodétermination des peuples. Ceci montre en tout cas que le MTA (mouvement des travailleurs arabes) qui écrit ce texte a bien vu les dangers du communautarisme.

Dans "QUESTIONS DE STRATEGIE" : "Un pouvoir populaire (Prolétarien selon nous) ne pourra s'établir durablement qu'au prix de combats armés pour briser la réaction des vieilles classes exploiteuses : cette certitude nous vient de l'expérience de tous les mouvements populaires (et prolétariens) en France et dans les autres pays. "
Le défaut de la Gauche Prolétarienne, c'est le même défaut que l'on retrouve avec tous les groupes qui se refusent à reconstituer le Parti ou qui se refusent à unir les maoïstes. Il en va de même de ceux qui ne veulent pas voir que l'ancien mouvement m-l a fait faillite après avoir répudié le maoïsme pour les uns ou pour d'autres qui ont abandonné la lutte ou ont rejoint la social-démocratie et le parti révisionniste lorsque Teng Xiaoping a pris le pouvoir et imposer la restauration capitaliste en Chine, comme Khrouchtchev l'avait fait en U.R.S.S. Ils repoussent la reconstitution du parti, ou sèment la division quand le processus est amorcé.

Les uns ne veulent pas voir les défauts de la Gauche Prolétarienne et ce qui a conduit cette organisation la plus dynamique et la plus proche des idées maoïstes à la liquidation. Les autres ne voient que la réactivation du courant m-l hoxhdiste (tenants de l’expérience albanaise) sans voir qu’il n’a rien produit dans la révolutionnarisation idéologique, qu’il n’a même pas tenté d’utiliser, même de façon limitée, la violence révolutionnaire et essayer de l’organiser pour renverser la bourgeoisie et reprenant après Mao Zedond : « Le pouvoir est au bout du fusil ».

CONCLUSION

En premier lieu le Parti maoïste doit s’édifier principalement sur des bases d’usines, aller où sont les masses en lutte, entrer en contact avec les masses pour apprendre d’elles, et créer des organisations intermédiaires permanentes de syndiqués et de non-syndiqués et regrouper les éléments les plus avancés dans le Parti maoïste. Il faut établir des bases d’appui sur une zone géographique ouvrière et populaire.

La difficulté d’établissement de militants dans les usines est plus difficile qu’à l’époque de la G.P, pour la simple raison que le chômage est 5 fois plus important aujourd’hui. Il était facile de retrouver du travail, le lendemain même d’un licenciement, alors qu’aujourd’hui on n’est pas assuré d’en retrouver un. On est obligé d’accepter n’importe quel travail, car désormais on ne peut refuser plus de deux offres d’emploi car on risque alors la radiation de l’ANPE.

La crainte de perdre son emploi sans pouvoir en trouver un autre, freine la combativité des travailleurs. Les journées d’actions syndicales sans lendemain découragent les plus décidés à se battre.

Il faut dans cette nouvelle situation reprendre la démarche  des équipes de jeunes militants pour faire de l’agit-prop aux portes des usines. Un autre obstacle se dresse : la décentralisation des zones industrielles, artisanales ou commerciales.  Si l’établissement est moins aisé pour les jeunes étudiants, il est nécessaire comme on disait d’aller aux masses, donc de sortir de la fac pour aller aux portes des usines en choisissant les grandes usines à forte concentration ouvrière, mais aussi les usines en grève, les usines où les menaces sur l’emploi se font sentir. Il s’agit de mener une action prolongée, avec un travail régulier, pour avoir un ou plusieurs contacts dans un premier temps pour que la propagande colle au plus prêt des besoins des masses de l’usine, de l’entreprise.

Il faut essayer de lier les besoins et revendications des différentes couches de travailleurs dans l’usine. Pour autant, il faut isoler, lutter contre les pratiques des éléments réactionnaires de la hiérarchie, haïs par les masses, et gagner les cadres intermédiaires qui rechignent ou appliquent à contre-cœur les ordres d’en haut, la volonté des actionnaires.

Les augmentations de salaires doivent être basées sur le principe d’égalité et non au pourcentage, pour la simple raison que le « prix du beefsteak est le même pour tout le monde » et  que les plus pauvres ont encore plus de besoins insatisfaits.

De même il faut lutter contre la politique d’accompagnement, de cogestion, voire de collaboration de classes de certains délégués timorés, comme doivent être combattus les mouchards, les délateurs, ou les flics les plus réactionnaires du patronat. Il faut soulever la chape de plomb, la politique d’intimidation, l’attitude pessimiste, le travail de sape, les pressions, le chantage, organisés à l’intérieur de l’usine, de l’entreprise, pour libérer  l’initiative combative des masses. Il faut former un comité de lutte unissant syndicalistes de toutes tendances et non-syndiqués pour préparer l’offensive contre le patronat. Le Comité de lutte doit faire la distinction entre la masse des syndiqués et les éléments réformistes, gagner la masse des délégués honnêtes prêts à se battre sur des positions de classe, qui seront de plus en plus nombreux au fur à mesure du développement de la crise du capitalisme. Il faut distinguer « les contradictions au sein du peuple et celles entre l’ennemi et nous »
Dans les quartiers, les masses populaires peuvent reprendre l’initiative, la révolte des banlieues a montré que « une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine » que plus que jamais « on a raison de se révolter ». De même dans les usines où malgré le chantage, la répression, le sabotage des réformistes, des luttes de plus en plus nombreuses se déroulent.

Au fond « les masses veulent la révolution ». Il est évident que sans stratégie politique pour la conquête politique du pouvoir, sans parti, il est impossible de combattre le réformisme et le révisionnisme. Nier qu’il faut un Parti de type nouveau maoïste c’est renouveler les erreurs spontanéistes de la G.P.

Ceci dit, nous devons reprendre à notre compte les aspects positifs de cette organisation, son esprit combatif, sa liaison avec les masses, non seulement ouvrières mais populaires, car un communiste doit lutter dans toutes les couches de la société sous la direction du prolétariat et sur la base de sa stratégie, afin d'organiser les différentes couches du peuple  et les unir dans le Front Populaire Uni, le troisième outil de la révolution pour unir le peuple, les deux autres étant le Parti et l’Armée Populaire.

La G.P a posé plusieurs questions d’importance :

  •     Briser les cadences.
  •     Refus de l’augmentation au pourcentage qui creuse les écarts.
  •     Contre la militarisation du travail (chefs-flics,…).
  •     La résistance populaire (rendre coup pour coup)
  •     La lutte contre la collaboration de classes dans les syndicats, pour un syndicat de lutte de classe, reconstruit à la base (par ateliers).
  •     La préparation révolutionnaire de l’opinion.
  •     La multiplication des luttes (grèves sauvages, baisses des cadences, séquestration des hauts cadres et du patron, blocage de la production, ralentissement de la production, occupation de masses, voire sabotage).
  •     Résistance contre l’Etat policier ;
  •     Lutte dans les centres d’éducation surveillée et les prisons.
  •     Délégués des comités d’Atelier révocables à tout moment.
  •     L’AG est souveraine.
  •     Action directe, pas de dépôt préalable de grève.
  •     Elargissement de la grève (débrayage, information etc.) sur les autres usines ou entreprises  du secteur ou/et du groupe.
  •     Dénonciation des collabos du patron.
  •     Actions exemplaires  contre les plus réactionnaires.
  •     Affirmation de la nécessité de la violence révolutionnaire.
  •     Unité français-immigrés.
  •     Non aux expulsions des logements.


Parti Communiste maoïste de France                28/11/2008

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14 octobre 2008 2 14 /10 /octobre /2008 14:19

     Gracchus Babeuf (1760-1797), le premier dans la Révolution française, surmonta la contradiction, à laquelle s’étaient heurtés tous les politiques dévoués à la cause populaire, entre l’affirmation du droit à l’existence et le maintien de la propriété privée et de la liberté économique. Par la pensée et par l’action, il dépassa son temps, il affirma être l’initiateur d’une société nouvelle. Comme les sans-culottes, comme les jacobins, Babeuf proclame que le but de la société est le bonheur commun ; la Révolution doit assurer entre tous les citoyens l’égalité des jouissances.  Mais la propriété privée introduisant nécessairement l’inégalité, et la loi agraire , c’est-à-dire le partage égal des propriétés, ne pouvant « durer qu’un jour » (« dès le lendemain de son établissement, l’inégalité se remontrerait »), le seul moyen d’arriver à l’égalité de fait  et « d’assurer à chacun et à sa postérité, telle nombreuse qu’elle soit, la suffisance mais rien que la suffisance », est « d’établir l’administration commune, de supprimer la propriété particulière, d’attacher chaque homme au talent, à l’industrie qu’il connaît, de l’obliger à en déposer le fruit en nature au magasin commun, et d’établir une simple administration de distribution, une administration des substances qui, tenant registre de tous les individus et de toutes les choses, fera répartir ces dernières dans la plus scrupuleuse égalité »(1)

    Babeuf fut tout au long de la Révolution un homme d’action. C’est au contact des réalités sociales de sa Picardie natale, au cours de ses luttes révolutionnaires que, peu à peu, le système idéologique de Babeuf se précisa. On ne peut en effet présenter ce système, ainsi qu’on l’a fait plus d’une fois, comme un tout conçu dogmatiquement et avec une parfaite cohérence ; il fut une résurgence de l’espérance millénariste, transmise par les livres mais enrichie et vivifiée par l’observation sociale et par l’action révolutionnaire et finalement systématisée.

    Né en 1760 à Saint-Quentin, d’un commis des gabelles et d’une servante illettrée, François-Noël (dit Gracchus) Babeuf se fixe à Roye, dans le Santerre, pays de grandes cultures. Dans ces campagnes picardes s’affirmaient à la fin de l’Ancien Régime d’importants changements économiques et sociaux : essentiellement, la « réunion » des fermes et le développement des manufactures. Toujours vivaces, unies pour la défense de leurs traditions communautaires et de leurs droits collectifs, les communautés rurales soutenaient une âpre lutte contre la concentration des exploitations aux mains des grands fermiers capitalistes. Commissaire à terrier et feudiste, spécialiste du droit féodal, Babeuf acquiert au cours des années 1780 une expérience directe de la paysannerie picarde, de ses problèmes et de ses luttes. C’est sans doute à ce contact que, dès avant la Révolution, il est porté vers l’égalité de fait  et le communisme.

    En ces années picardes, on voit Babeuf porter aussi attention à « la classe particulière des ouvriers », aux «classes salariées », à leurs revendications concernant cherté et chômage. « Il serait dur de dire, et même de penser, que toutes les classes d’habitants qui n’ont pour subsister que des salaires ne forment point une partie intégrante de la population qui constitue la nation.» L’aggravation des conditions d’existence des travailleurs salariés, à la veille de la Révolution, entrerait ainsi pour une part dans la prise de conscience de Babeuf.
    En 1789, Le Cadastre perpétuel  permet de faire le point de l’expérience picarde de Babeuf. Il constate que l’inégalité sociale résulte de la concentration des propriétés, qui multiplie le nombre des salariés et entraîne la baisse des salaires ; il critique âprement l’héritage. Il penche vers la loi agraire, c’est-à-dire le socialisme des « partageux » suivant l’expression de 1848 ; le détenteur ne peut aliéner son lot, qui, à sa mort, fait retour à la communauté. Cependant, dans un mémoire de 1785 sur les grandes fermes et dans une lettre de juin 1786 à Dubois de Fosseux, secrétaire de l’académie d’Arras, Babeuf semble avoir pressenti les inconvénients, pour la production, du partage égal des propriétés qui fait de tout paysan un petit producteur indépendant. Il prévoit, en effet, l’organisation de « fermes collectives », véritables « communautés, fraternelles » : « 50, 40, 30, 20 individus viennent à vivre en associés sur cette ferme autour de laquelle, isolés qu’ils étaient auparavant, ils végétaient à peine dans la misère, ils passeront rapidement à l’aisance ». « Émietter le sol par parcelles égales entre tous les individus, c’est anéantir la plus grande somme des ressources qu’il donnerait au travail combiné. »

    La participation de Babeuf au mouvement agraire picard en 1790-1792 constitue sa première grande expérience de lutte révolutionnaire. Élargissant l’horizon d’une action nécessairement localisée, il formule un programme agraire cohérent qui répondait incontestablement aux revendications des masses paysannes. Il dénonce « la prétendue suppression du régime féodal » par les décrets des 5-11 août, dès 1789, et avec obstination jusqu’en 1792 : « Que la prétendue abolition répétée si souvent dans les décrets de l’Assemblée constituante n’existait que dans les mots, que la chose en elle-même était conservée dans son entier. » Il réclame non seulement l’abolition totale des redevances féodales, sans indemnité, mais, en outre : la confiscation de toutes les propriétés seigneuriales (« Que les fonds attachés aux fiefs et aux seigneuries soient dès ce moment en vente », février 1791) ; l’arrêt de la vente des biens du clergé et leur distribution aux paysans « mal aisés » sous forme de baux à long terme (mai 1790) ; le partage des communaux non en propriété, mais en usufruit ; et, finalement, la loi agraire.  On a souvent souligné, chez les robespierristes, l’absence de politique agraire efficace ; il en fut de même pour les Enragés et pour le groupe cordelier habituellement dit « hébertiste ». Seul Babeuf, au contact des réalités picardes, sut concevoir un programme qui eût donné satisfaction aux sans-culottes des campagnes.

    Le 15 pluviôse an II (3 février 1794), il écrit à son fils : « Démontrer en même temps qu’il est probable que le peuple français conduira sa révolution jusqu’au terme heureux de ce système d’égalité parfaite. » Diriger la Révolution vers ce but, c’est la mission que Babeuf s’assigne : parlant de ses enfants en avril 1793 : « J’espère leur faire voir un père que l’univers entier bénira et que toutes les nations, tous les siècles regarderont comme le sauveur du genre humain. » On ne saurait négliger cet aspect messianique du tempérament de Babeuf.    Après le 9 thermidor (27 juillet 1794), Babeuf fut un moment violemment antirobespierriste. Dans sa brochure Du système de dépopulation, il dénonça le gouvernement révolutionnaire et la Terreur. Cependant les ravages de l’inflation et l’indicible misère populaire au cours de l’hiver de l’an III (1794-1795) lui démontrèrent après coup la nécessité du maximum, de la taxation et de la réglementation, de l’économie dirigée et de la nationalisation même partielle de la production : bref, l’importance de l’expérience de l’an II, appliquée en particulier aux armées de la République. « Que ce gouvernement (l’administration commune), écrit Babeuf dans le Manifeste des plébéiens, est démontré praticable par l’expérience, puisqu’il est celui appliqué aux douze cent mille hommes de nos douze armées (ce qui est possible en petit l’est en grand) ; que ce gouvernement est le seul dont il peut résulter un bonheur universel, inaltérable, sans mélange, le bonheur commun, but de la société.  » Babeuf répudie maintenant la loi agraire qui ne peut « durer qu’un jour », il se prononce expressément pour l’abolition de la propriété privée des fonds. Il s’en explique dans sa lettre à Germain du 10 thermidor an III (28 juillet 1795) et précise le mécanisme de son système. Partant d’une critique du commerce « homicide et rapace », que « tous, écrit Babeuf, soient à la fois producteurs et consommateurs dans cette proportion où tous les besoins sont satisfaits, où personne ne souffre ni de la misère, ni de la fatigue [...]. Il ne doit y avoir ni haut ni bas, ni premier ni dernier. » Chaque homme sera attaché « au talent et à l’industrie qu’il connaît ». « Tous les agents de production et de fabrication travailleront pour le magasin commun et chacun d’eux y enverra le produit en nature de sa tâche individuelle et des agents de distribution, non plus établis pour leur propre compte, mais pour celui de la grande famille, feront refluer vers chaque citoyen sa part égale et variée de la masse entière des produits de toute l’association. »   Le babouvisme ne saurait se définir seulement comme un système idéologique. Il fut aussi une pratique politique. La « conjuration des Égaux » constitue la première tentative pour faire entrer le communisme dans la réalité sociale.     Au cours de l’hiver de l’an IV (1795-1796), au spectacle de l’effroyable misère qui accable le peuple et de l’incapacité gouvernementale, Babeuf, bientôt réduit à la clandestinité par la police du Directoire, en vient à l’idée de jeter bas par la violence cet édifice social inique. La conjuration groupa autour d’une minorité acquise au communisme des membres du club du Panthéon, anciens jacobins, tels Amar, ancien membre du Comité de sûreté générale, Drouet, l’homme de Varennes, Lindet, ancien responsable de la Commission des subsistances du Comité de salut public : les buts de ces hommes demeuraient essentiellement politiques : Buonarroti, en revanche, ancien commissaire du Comité de salut public en Corse, puis à Oneglia sur la Rivière du Ponant, toujours fervent robespierriste, eut une part considérable dans l’élaboration du programme communiste de la conjuration et dans son organisation politique. Le 10 germinal an IV (30 mars 1796) fut institué un comité insurrecteur  où entrèrent avec Babeuf, Antonelle, Buonarroti, Darthé, Félix Lepeletier et Sylvain Maréchal. La propagande se développa, dirigée par un agent dans chacun des douze arrondissements parisiens. Les circonstances étaient favorables, l’inflation poursuivait ses ravages.    L’organisation de la conjuration souligne une rupture avec les méthodes jusque-là employées par le mouvement populaire : elle marque elle aussi, dans l’histoire de la pratique révolutionnaire, une mutation. Jusqu’en 1794, comme l’ensemble des militants populaires, Babeuf s’était affirmé partisan de la démocratie directe. Dès la fin de 1789, sa méfiance éclate à l’égard du système représentatif et des assemblées élues (« le veto du peuple est de rigueur ») ; en 1790, il défend l’autonomie des districts parisiens. La pensée de Babeuf n’est ici guère originale : la filiation par rapport à Rousseau, dont il paraphrase souvent le Contrat social, est évidente, et nette la concordance avec les tendances politiques des militants parisiens de la sans-culotterie.

    D’autant plus remarquable apparaît l’organisation clandestine que Babeuf met sur pied en 1796. Au centre, le groupe dirigeant, s’appuyant sur un petit nombre de militants éprouvés ; puis la frange des sympathisants patriotes et démocrates au sens de l’an II, tenus hors du secret et dont il n’apparaît pas qu’ils aient partagé le nouvel idéal révolutionnaire ; enfin les masses populaires elles-mêmes, qu’il s’agit d’entraîner. Conspiration organisatrice par excellence, mais où le problème des liaisons nécessaires avec les masses semble avoir été résolu d’une manière incertaine. Ainsi, par-delà la tradition de l’insurrection populaire, illustrée par les grandes journées révolutionnaires, se précisait la notion de la dictature révolutionnaire que Marat avait pressentie sans pouvoir la définir nettement. Après la prise du pouvoir grâce à une insurrection organisée, il serait puéril de s’en remettre à une assemblée élue selon les principes de la démocratie politique, même au suffrage universel. Il est nécessaire de maintenir la dictature de la minorité révolutionnaire que la conjuration et l’insurrection ont portée au pouvoir, tout le temps nécessaire à la mise en place des institutions nouvelles et à la refonte de la société. Par Buonarroti, cette idée passa à Blanqui : il y a incontestablement filiation entre la pratique conspirative du blanquisme et cet aspect du babouvisme. Et c’est vraisemblablement au blanquisme qu’il faut rattacher la doctrine et la pratique léninistes de la dictature du prolétariat.

    Le Directoire se divisa, face à la propagande babouviste. Barras tergiversait comme à l’ordinaire, ménageant les opposants ; Reubell hésitait à faire le jeu du royalisme par une répression antipopulaire. Carnot, passé décidément à la réaction par conservatisme autoritaire, n’hésita pas. Le 27 germinal (16 avril 1796), les Conseils décrétèrent la peine de mort contre tous ceux qui provoqueraient « le pillage et le partage des propriétés particulières, sous le nom de loi agraire ». Babeuf, cependant, poussait ses préparatifs. Mais, dès le 11 floréal (30 avril), la légion de police acquise aux conspirateurs fut dissoute. Enfin, un des agents militaires de Babeuf, Grisel, dénonça les conjurés à Carnot : Babeuf et Buonarroti furent arrêtés le 21 floréal an IV (10 mai 1796), tous leurs papiers saisis. Une tentative pour soulever l’armée au camp de Grenelle échoua dans la nuit du 23 au 24 fructidor (9-10 septembre 1796). Elle fut le fait d’hommes de l’an II, jacobins ou sans-culottes, plutôt que de babouvistes proprement dits : sur 131 personnes arrêtées dans cette affaire, on ne relève que six abonnés au Tribun du peuple.
Le procès de Vendôme n’eut lieu qu’en l’an V. Barras aurait voulu réduire les poursuites, et de même Sieyès, qui craignit de faire le jeu du royalisme ; Carnot se montra implacable et entraîna le Directoire. Dans la nuit du 9 au 10 fructidor (26-27 août 1796), les conjurés furent transférés à Vendôme, dans des cages grillagées, leurs femmes, dont celle de Babeuf avec son fils aîné, Émile, suivant à pied le convoi. Le procès ne s’ouvrit devant la Haute Cour qu’en fin février 1797, il dura trois mois. Après le prononcé du jugement qui les condamnait à mort, le 7 prairial an V (26 mai 1797), Babeuf et Darthé tentèrent de se donner la mort ; le lendemain, ils furent portés sanglants à l’échafaud.

  BUONAROTTI à Bruxelles, en 1828, l’histoire de la Conspiration pour l’Égalité dite de Babeuf.  Cet ouvrage exerça une influence profonde sur la génération révolutionnaire des années trente. Grâce à lui, le babouvisme s’inscrivit comme un chaînon dans le développement de la pensée communiste.

 Notes:  1-« Manifeste des plébéiens » publié par Le Tribun du peuple  du 9 frimaire an IV (30 novembre 1795).

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28 avril 2008 1 28 /04 /avril /2008 11:29

qu’ils partagent avec ceux qu’ils baptisent de façon indue « staliniens », en réalité les révisionnistes du P »c »F !

Lénine sur le plan de la théorie et sur l’application pratique de la théorie a exprimé des points de vues en contradiction complète avec Trotski. Sur quoi porte les divergences fondamentales entre Lénine et Trotski ?

Sur les statuts du Parti :

Ce n’est pas une question administrative mais une question politique, quel type de Parti a besoin le prolétariat !

C’est au cours du IIème Congrès du P.O.S.D.R à Londres en 1903, que s’est menée la discussion sur les statuts.

1)      La position de Lénine a été la suivante. Il proposait un programme qui mettait en avant le mot d’ordre de DICTATURE DU PROLETARIAT (fait unique au sein de la IIème Internationale)

2)      Trotsky défendit la thèse selon laquelle la dictature du prolétariat n’était possible que le jour où la classe ouvrière et le Parti « seraient devenus presque identiques », où le prolétariat composerait la moitié de la population et les socialistes pourraient conquérir pacifiquement la majorité parlementaire (à remarquer que c’est encore aujourd’hui la thèse de la L.C.R, de L.O et des autres groupes trotskistes

3)      Les statuts avaient aussi comme objectifs de créer un parti de type nouveau homogène, combatif. Il ne suffisait pas d’accepter le programme et de payer ses cotisations, il Fallait MILITER DANS UNE ORGANISATION DE BASE, pour fermer la porte du Parti aux éléments hésitants, opportunistes, comme les mencheviks. L’argument de Trotsky « Je ne savais pas u’il fut possible de conjurer l’opportunisme par des statuts » « Trotsky déclare que l’opportunisme a des causes beaucoup plus profondes que tel ou tel point des statuts, qu’il découle de la différence du développement de la démocratie bourgeoise et du prolétariat » Lénine fait remarquer que justifier par des causes profondes de l’opportunisme la formule qui lui ouvre la porte, c’est tout simplement se ranger du côté des « suiveurs » Les statuts de Martov, eux ne demandaient aux adhérents que la reconnaissance du programme du Parti et de payer le soutien financier de celui-ci, ce qui ouvraient l’entrée du Parti  à tous les éléments instables, non prolétariens, enclin à l’opportunisme. Trotsky jouait les conciliateurs en ces deux conceptions inconciliables et diamétralement opposées. Il renforçait ainsi le camp des mencheviks. A remarquer  que les positions des trotskistes de la L.C.R et de L.O vont dans le même sens, ils sont pour le renforcement du P »c »F qui est un Parti révisionniste et n’ont pas un programme différencié si ce n’est celui du « contrôle ouvrier » sur les moyens de production capitalistes et non la dictature du prolétariat sur la bourgeoisie et l’expropriation des moyens de production.

·         Les phrases soulignées sont extraites de l’ouvrage de Lénine « Un pas en avant, deux pas en arrière » Mai 1904 - O.C, tome VI.

 

 Sur la Révolution Permanente :

Après le IIème Congrès, une lutte acharnée s’engage entre les bolcheviks et les mencheviks. Lénine développe sa thèse dans la brochure déjà citée, tandis que Trotsky  développe la sienne dans « Nos tâches politiques » Les menchévicks convoquent un Congrès en septembre 1903 pour lutter contre les décisions du Congrès. Cette conférence fut organisée par Trotsky, Martov (chef des menchéviks). En 1905 Trotsky opposa à la  théorie de la transformation de la révolution démocratique bourgeoise en révolution socialiste de Lénine, celle de  révolution permanente, théorie empruntée au pseudo-marxiste allemand Parvus, Cette théorie niait le rôle dirigeant du prolétariat à l’égard de la paysannerie et affirmait que celle-ci était incapable de s’allier à la classe ouvrière. Cette théorie divisait le front commun des forces motrices de la révolution.

 

LES TROIS ERREURS DE TROTSKY :

 

  • Trotsky ne voit pas le caractère bourgeois de la Révolution.
  • Il ne comprend pas comment s’opère le passage de cette révolution à la révolution socialiste.
  • Il nie la nécessité de l’alliance avec la paysannerie.
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