A partir des années soixante, un fort mouvement marxiste-léniniste (m-l) va se développer, les deux principales organisations
vont être le P.C.M.L.F et la Gauche Prolétarienne. Les deux seront liquidées car les lignes développées par l'un et l'autre ne seront pas correctes. Ce mouvement va se développer à partir de la
publication de la lettre en 25 points publiée par le P.C.C (Parti Communiste de Chine) en 1963, qui dénonce la ligne révisionniste de Khrouchtchev, et la critique des positions de Thorez et
Togliatti, dirigeants du PCF et du PC d’Italie respectivement. Le premier regroupement des m-l va se constituer par la création des Amitiés Franco-Chinoises, puis par la constitution de la
Fédération des cercles ml, du Mouvement Communiste de France puis du P.C.M.L.F en 1967 (Congrès de Puyricard). Le second va provenir de la lutte au sein de l'Union des Etudiants Communistes, qui
va donner naissance à l'Union des Jeunesses Communistes Marxiste-Léniniste. Après les événements de 68, une partie va rejoindre le P.C.M.L.F. et une autre va fonder avec une partie du mouvement
du 22 Mars et divers éléments de 68, la Gauche Prolétarienne.
Nous mettrons l’accent sur les aspects positifs de la Gauche Prolétarienne sur lesquels nous pourrons nous appuyer pour avancer. Certes elle avait un aspect spontanéiste, mais au-delà de ce grave
défaut, la G.P a mené la lutte contre le révisionnisme, a révolutionné les luttes en s'appuyant sur les masses, a commencé une guerre populaire de basse intensité. C'est ce que nous allons
montrer avec nos propres commentaires car nous avons connu cette époque et pouvons apporter une contribution pour que la jeune génération s'empare des idées justes, des aspects positifs, que ces
idées aident à l’édification du parti maoïste. Notre parti doit participer pleinement à côté des autres partis maoïstes du monde à la nouvelle vague révolutionnaire initiée par le Parti
Communiste du Pérou dirigeant la guerre populaire depuis 1980, par le Parti Communiste du Népal (maoïste) depuis 1996, aujourd’hui engagé dans un processus démocratique après sa victoire
aux élections, le Parti Communiste maoïste de Turquie, le développement important de la guerre populaire dirigée par les maoïstes en Inde etc.
Nous ne négligerons pas dans une autre brochure d'analyser les déviations et leurs sources qui ont conduit à la liquidation du P.C.M.L.F et des autres groupes m-l et du courant pro-albanais ainsi
que de la tentative courageuse mais erronée sur le plan théorique du groupe Action Directe. Nous devons apprendre des aspects positifs des uns et des autres, mais examiner sans faiblesse les
erreurs qui ont été commises dans le but de résoudre le problème.
Chaque parti doit appliquer le marxisme-léninisme-maoïsme à sa réalité, en partant des acquis, des exemples de guerre populaire de son propre pays, sans négliger d'examiner ce que nous pouvons
apprendre des autres peuples. Nous devons tirer les leçons des expériences historiques de la Commune de Paris et de la Résistance dirigée par le PCF pour la préparation de la guerre populaire.
C'est pourquoi, nous avons fait un historique succinct le plus précis possible de la politique du P.C.F/P".C".F, pour montrer ce qui a été positif malgré son caractère très souvent opportuniste
puis révisionniste. Et surtout, utiliser les aspects positifs de ce qui a été la meilleure application du maoïsme dans notre pays par la Gauche Prolétarienne tout en examinant les aspects
négatifs qui ont amené à sa liquidation.
LA GAUCHE PROLETARIENNE
La Gauche Prolétarienne est née d'une fraction de l'U.J.C.M.L dirigée par Beni-Lévy (Pierre Victor), d’éléments du 22 Mars et de Geismar dirigeant du SNES-UP en Mai 1968.
Ce qui nous intéresse dans la Gauche Prolétarienne, c'est que malgré son spontanéisme, son putschisme, elle avait su s'appuyer sur les masses, elle avait une ligne de masse.
Fin 68, la G.P a mis sur pied, un plan stratégique, un plan pour la guerre populaire. Ce plan n'a pas été jusqu'à son déclenchement, elle n'a pas franchi le pas. Ceci est un fait, pour autant la
G.P a été l'organisation qui s'en est rapprochée le plus, malgré sa liquidation par la direction et les éléments petits-bourgeois de l'aile anarchisante qui était devenue dominante. Pendant la
période du révisionnisme ouvert, c'est à dire dans les années soixante-dix, c'est l'organisation qui a été le plus loin dans la révolutionnarisation idéologique.
La G.P reprenant l'idée de "Servir le Peuple", a commencé par servir le prolétariat en partant de la révolutionnarisation de la jeunesse, notamment de la jeunesse étudiante mobilisée pendant Mai
68. Le principe d'aller aux masses, d’apprendre près des masses, s'est concrétisé en Mai 68 par la tentative de jonction des étudiants avec les ouvriers de Renault-Billancourt, liaison qui a été
empêchée par les révisionnistes qui dirigeaient la C.G.T. dans cette usine. Il n'en a pas été de même à l'usine de Flins, où les ouvriers révolutionnaires assaillis par les C.R.S. et gardes
mobiles qui voulaient les évacuer ont fait appel aux étudiants qui sont venus en masse se battre à leurs côtés. Aussi le premier souci de la G.P a été d'établir ses militants dans les usines, là
où le prolétariat était concentré. Renault-Billancourt, en tout premier lieu, la citadelle ouvrière, Flins également, sur le bassin minier du Nord, dans les aciéries (vallée de la Fenche), sur
les Chantiers Navals à St. Nazaire, dans le bassin d'usines de Creil, à Lyon, à Fos près de Marseille etc.
La répression des révisionnistes dans la C.G.T. contre les ouvriers révolutionnaires n'avait pas permis de consolider les sections syndicales CGT de lutte de classes car les militants étaient
exclus manu-militari et que les ouvriers les plus résolus considéraient la direction de la C.G.T. comme vendeur d'ouvriers. Dans ces conditions ont été créés les comités de lutte d’atelier en
dehors des syndicats.
La G.P a été l'organisation qui a le plus généré de nouvelles organisations de masses. Son grave défaut a été de ne pas se consolider et s’organiser sur des bases réellement
marxistes-léninistes-maoïstes. Elle n'a pas su ou voulu édifier le parti de type nouveau bien qu'elle l'ait annoncé dès sa création.
Ceci dit ce n'est pas que la G.P n'est pas assumée ce rôle qui nous intéresse, c'est ce qu'elle a fait dans la pratique qui à bien des égards est éminemment révolutionnaire. Ce n'est pas par
nostalgie du passé, mais parce que nous pensons que cela peut servir l'avenir. Dans notre pays nous avons comme exemples de guerre révolutionnaire, la Commune de Paris, la Résistance
Antifasciste, Mai 1968 et l'organisation qui a tenté un moment de reprendre la voie menant à la guerre civile révolutionnaire, à la guerre populaire.
A Renault la G.P allait tenter de mettre en place des formes de luttes radicales, extra- syndicales, des luttes qui ne respectaient pas les normes habituelles.
Dans la brochure "Renault-Billancourt - 25 règles de travail", la GP écrit : "En Octobre 1969, les Comités d'Action qui restaient à Renault après 68, avaient été détruits par les
groupuscules..." Les forces de la G.P à ce moment là à Renault-Billancourt : "Deux intellectuels établis, deux ouvriers qui s'embauchent...autour d'eux...se constituent des petits groupes
d'ateliers... 1ère campagne pour les 5 morts d'Aubervilliers - janvier 70 - qui nous rapprochent des travailleurs immigrés de l'usine… Campagne du métro...contre l'augmentation on passe sans
payer... La résistance par l'action directe ! ... Le lundi les ouvriers de l'équipe se regroupent. Le mardi et mercredi, c'est à 400 qu'on sort de Renault, drapeau rouge en tête aux cris de
Résistance Populaire. Aux guichets, 3 flics téméraires s'avancent : trois de moins, 3 ou 4 autres en prennent plein la gueule... Le Jeudi, les flics ont compris... c'est les ouvriers qu'ils
doivent essayer d'empêcher de passer, au guichet on tombe sur 8 flics de la RATP, ils tentent de cogner. 8 gorilles à l'hosto." La direction C.G.T. révisionniste dénonce violemment les
maoïstes.
Autre exemple de démarcation d'avec la C.G.T. qui demande des augmentations mais pas au pourcentage, alors que les maoïstes disent : « L'augmentation au pourcentage, c'est faire la grève pour les
chefs ! Pas d'augmentation hiérarchisée». Ce raisonnement est juste il sera repris 3 ans plus tard, par des camarades maoïstes dirigeants du syndicat C.G.T. de Sanders-Juvisy (alimentation
animale), en disant le kilo de beefsteak vaut le même prix pour les cadres. Ils obtiendront à ce que la moitié des augmentations soient uniformes, le reste au pourcentage parce que F.O. qui
représentait les cadres ne voulait pas céder sur le fond.
Contre les cadences infernales un mouvement de sabotage avait eu lieu dans l'île Seguin, mais la répression était forte "chefs racistes, mouchards, régleurs"… l'idée était que les ouvriers
actifs, français ou immigrés, syndicalistes ou non, portent un jugement contre un chef particulièrement haï. "La cible choisie : c 'était Robert, un régleur qui faisait fonction de chef
d'équipe ; fasciste militant, il est au syndicat indépendant Renault ; c'est un salaud qui n'est monté en grade que par fayotage, ce qui fait qu'il était même détesté des autres chefs d'équipe.
L'équipe des partisans des G.O.A.F (groupe ouvrier anti-flic) l'attendaient à la porte de l'usine, un ouvrier le frappe devant 300 ouvriers pendant qu'un autre prend la parole et qu'un
autre jette des tracts avec le texte du jugement populaire... le lundi 2500 tracts sont distribués clandestinement dans l'usine... Enthousiasme dans les endroits où la maîtrise est très
répressive..." Parmi les chefs les réactions sont contradictoires : "Les plus fascistes n'essaient pas de jouer au malin. D'autres se mettent à dire bonjour aux ouvriers. Ceux qui n'emmerdaient
pas leurs ouvriers trouvent la sentence normale. Le terrorisme des chefs se relâche... Les syndicats sont divisés : de nombreux militants et même des délégués de base, trouvent l'action juste...
l'idée de l'application de la justice populaire dès aujourd'hui à Renault pénètre les masses. Le tribunal populaire de Lens (contre les Houillères)... le jugement d'un député U.D.R par les
ouvriers de Boussac et le jugement du député U.D.R De Grailly, bénéficiaire du scandale financier de la Villette et rapporteur de la "loi scélérate" anti-casseur, l'exécution par les
révolutionnaires basques du tortionnaire Manzanas ne sont plus des exemples lointains" Ces quelques citations montrent la ligne de démarcation entre les maoïstes et les révisionnistes à Renault.
Les premiers reprenaient les traditions des communistes pendant la résistance avant que les liquidateurs dissolvent les milices ouvrières, les comités locaux et départementaux de Libération et
pour finir qui ont rendu les armes. Les maos eux renouaient avec le passé glorieux du parti communiste.
Le premier comité de lutte d'atelier va voir le jour pour organiser l'occupation de l'usine. L'idée qu'il faut une organisation représentative de toute l'usine naît. Les luttes d'ateliers contre
les cadences et la répression se développent. "On pense que l'instrument indispensable pour créer l'union des Comités de Lutte à Renault, c'est d'avoir un embryon de parti dans l'usine,
c'est ce qu'on va s'attacher à créer".
L'idée du parti, de considérer la G.P organisée dans l'usine comme un embryon du parti part de l'idée que le parti ne se crée pas en dehors des masses. Les maos de G.P eux-mêmes disent "il faut
former des cadres maoïstes d'atelier", ce qui veut dire que la direction maoïste existe déjà, a une stratégie et adopte des tactiques sans perdre de vue la stratégie de la guerre populaire, de la
guerre de guérilla pour détruire l'appareil de la bourgeoisie.
"Militer en appartenant à un syndicat, en ayant un mandat de délégué peut donner pendant un certains temps l'illusion de bons résultats. Mais quand il y a un mouvement de masse qui est brisé par
les syndicats, si l'on a pas constitué auparavant par des luttes autonomes une organisation autonome par rapport aux syndicats capables de proposer une issue aux masses, c'est foutu : les masses
sont désarmées, n'ont qu'une issue : l'écoeurement".
"Il faut répudier dans nos rangs toute idée, toute pratique syndicaliste" "développer toujours dans les actions que l'on impulse l'idée de prise du pouvoir, partielle, momentanée des
travailleurs, de montrer que toute amélioration partielle, momentanée du sort des travailleurs naît de la force, du pouvoir partiel, momentané des travailleurs.
C'est simple : comment fait-on la percée dans une usine ?" Chaque fois que nous nous sommes battus, nous avons progressé. Chaque fois que nous avons hésité à nous battre quand il le fallait, nous
avons stagné ou régressé C'est dans la lutte que l'on avance, et dans la lutte on ne peut avoir des pertes". "Dans une lutte on part des idées des masses, même si on a des pertes, les idées
seront passées et on pourra reconstruire si on travaille avec un plan... L'idée "Il faut conserver nos forces". Cela reviendrait à tenter une accumulation pacifique des forces qui ne serait qu'un
pas vers le révisionnisme."
"Il faut distinguer les amis et les ennemis, il faut unir le plus possible pour attaquer la cible la plus restreinte possible. La question des syndiqués est importante : il faut riposter
énergiquement à la police syndicale, mais traiter fraternellement les autres syndiqués."
"Deux idées doivent être liées dans notre travail :
- l'affrontement avec nos ennemis.
- l'unité la plus large.
La question des syndicats est importante. Il faut riposter énergiquement à la police syndicale, mais traiter fraternellement les autres syndiqués.
C'est dans les ateliers, en partant des idées des ouvriers que l'on peut voir quels sont les syndicalistes flics et les syndicalistes proches des masses.
"Il faut mener le travail politique sur la base d'une zone et pas seulement de l'usine. Le contenu du travail politique doit être large (l'usine, les autres usines, les autres couches sociales
contestatrices, les luttes démocratiques générales, les luttes des peuples du monde, etc..). Il faut répudier tout ouvriérisme étroit".
"L'usine est une base d'appui… campagne contre l'augmentation des prix des transports... action de la milice multinationale à Citroën pour casser la gueule aux indépendants... généraliser l'aide
mutuelle des deux usines."
"Pour percer sur une usine, il faut trouver les travailleurs où ils sont en masse (porte, cafés, foyers, cités etc..) faire parmi eux du travail de masse et pas attendre d'un ou deux
contacts intérieurs."
"La révolution idéologique, c'est implanter l'idée "Il nous faut le pouvoir, et pour cela il nous faut unir le peuple et faire une lutte armée prolongée" "La question du pouvoir, de l'union
du peuple, de la guerre, ça ne peut pas se poser seulement à partir de l'usine. La révolutionnarisation des travailleurs se fait donc dans les luttes à l'intérieur et en dehors de l'usine."
"Il vaut mieux faire de petites choses... au début du travail à Renault. On s'est appuyé sur deux ateliers, pour se lier aux masses et constituer au moins un petit groupe...et on a fait la
première campagne quand on a été capables de saisir les idées des masses à Renault sur un problème... Il faut partir du besoin des masses, il faut aller partout où, il y a un mouvement de
masse... Il y a toujours quelque chose à faire"... Il faut mener un travail de masse prolongée et pas du papillonnage "Il faut organiser tous ceux qui peuvent être organisés de la façon dont ils
le peuvent et veulent... il faut laisser chacun développer son initiative. Il faut être souple pour organiser..." "Exemples : actions de milice, de rue, traduction de tracts, réunions
par nationalités, etc. " Partir du besoin d'unité des masses, pour unir dans la lutte les éléments actifs d'opinions différentes, d'organisations différentes... pour impulser et consolider milice
et comité de lutte, il faut s'attacher à faire un noyau mao qui impulse et dirige les luttes, développe une lutte politique constante, en particulier par l'édification de réseaux de diffusion et
de discussions de la Cause du Peuple"... Sur la base de la lutte des classe, il faut former un noyau dirigeant, ce n'est pas le conseil syndical, avec un représentant par section, c'est une
direction politique".
Dans "Pour l'essor des luttes anti-hiérarchiques" est dénoncé la thèse révisionniste : "La théorie du complot... on ne peut réduire la lutte des classes à une sombre histoire faite de
complots et d'intrigues. Pourtant pour la direction C.G.T., cette théorie est tout à fait logique. Voyons pourquoi ? La direction C.G.T. est CONTRE les luttes anti-hiérarchiques, elle est contre
la contestation de l'actuelle division du travail, contre les augmentations uniformes de salaire, contre la contestation de la hiérarchie".
Pour certains : "sans la C.G.T., on ne peut rien faire"... C'est vrai : la direction C.G.T. détient une force importante d'IMMOBILISATION des masses... cette force d’immobilisation s'appuie sur
la tradition C.G.T. et sur les idées de droite (peur, besoin fictif de sécurité) dans les masses" Mais la faiblesse de la C.G.T. est évidente... La direction C.G.T. ne peut pas MOBILISER les
travailleurs comme ils aspirent : dans une lutte efficace contre le pouvoir patronal". Quand à la C.F.D.T. " elle est aussi pour L'UNITE DU PERSONNEL".
"L'Union des Comités de lutte a été à l'origine de l'extraordinaire mouvement idéologique contre la hiérarchie et son rempart militaire : les milices patronales."
"La N.R.P (Nouvelle Résistance Populaire) doit partir de ce mouvement idéologique pour diriger les mouvements de masse autour des revendications de justice."
"1° Dans les bases d'usine, il faut sans tarder aider les masses à établir démocratiquement leur cahier de revendications de justice
2° Il y a des batailles qui se déclenchent dans des usines où il n'y a pas encore eu des efforts d'édification consciente de la force autonome. Que faut-il faire ? Y ALLER... se lier aux
gars, donc avoir une présence constante et active... mettre la population dans le coup, les autres usines de la ville, ouvrir le débat de masse sur la question de l'heure ; comment défendre
actuellement une grève... défendre la guerre, c'est à dire contre la milice fasciste ...autrement dit du début à la fin du mouvement, il faut agir comme les défenseurs les plus efficaces du
mouvement, il faut critiquer l'irresponsabilité des syndicats, qui sont impuissants à conduire ces mouvements durs contre un patronat de combat" "Pour conclure, il faut clairement expliquer ce
que doit être aujourd'hui le comité de lutte, absolument indispensable pour l'essor des luttes".
SUR LE PROGRAMME
Dans la brochure "Coup pour coup" La G.P dit : "Quand nous aurons pris l'usine, il n'y aura plus de patron...les ouvriers, les techniciens et les cadres politiques désignés par les masses
coopéreront pour diriger la production et la gestion... ils produiront pour le peuple...Ils respecteront les grandes lignes du développement fixé par le pouvoir populaire...Les idées, les
créations des travailleurs serviront de base pour l'innovation et le progrès technique. L'Université actuelle sera totalement détruite : actuellement il y a ceux qui pensent et ceux qui
triment et l'Université sert à renforcer cette division"
DE LA RESISTANCE A LA LIQUIDATION
Les cahiers prolétariens N°2 de Janvier 74 "Mai 68 - Lip - ET MAINTENANT, QUE FAIRE ?" sont les cahiers de la liquidation. Cette liquidation vient bien sûr de la ligne erronée, spontanéiste et
putschiste de la Gauche Prolétarienne.
Une idée juste ; il faut lutter contre le pouvoir despotique qui "crée une discipline de caserne ('Capital' tome 2, page 105-106) "la base fondamentale du pouvoir de la bourgeoisie réside dans
son pouvoir despotique à l'usine" et "l'extension du despotisme à toute la société"… "Si le pouvoir despotique dans l'usine est la base, la matrice de tous les pouvoirs qui
existent dans la société capitaliste il reste que le pouvoir d'Etat central est celui que la bourgeoisie doit conserver si elle veut être assurée de se maintenir et que le peuple doit conquérir"
mais la conclusion que les liquidateurs en tire c'est que "Prendre le pouvoir peut durer une heure, une journée, trois mois, un contre-cours dans un lycée, la constitution de la commune
ouvrière... des opérations de contre-pouvoir, voilà qu'à Lip toute une série d'opérations de contre pouvoir ."Prendre du pouvoir partout où c'est possible, afin de prendre tout le pouvoir dans
une France de démocratie nouvelle". Cette phrase est typique de la démarche petite-bourgeoise mettant les luttes prolétariennes sur le même plan que les luttes du peuple en général et la
démocratie nouvelle à la place de la dictature du prolétariat. Ce sont sur le fond les mêmes thèses que celles du P."C".F. sur la démocratie populaire, reprises par le P.C.M.L.F dans sa brochure"
EN AVANT pour une démocratie populaire" qui se camoufle sous la seconde phrase "fondée sur la dictature du prolétariat !". C'est là que le bas blesse. La G.P rejette à ce moment là, le
marxisme-léninisme-maoïsme et la dictature du prolétariat, tout comme le P « C » F ou le PCMLF dès le programme de Puyricard.
Mais dans le chapitre suivant "défendre militairement le pouvoir populaire"et d'en conclure "A partir des forces locales, issues directement des masses, nous devons construire les milices
clandestines, base du mouvement national" point de vue juste qui va être balayé 6 mois plus tard par la dissolution de la Nouvelle Résistance Populaire (embryon d’armée populaire) et de la Gauche
Prolétarienne.
"Du pouvoir ouvrier de l'unité ouvrière" "L'antisyndicalisme n'est pas né d'un caprice. Il est sorti d'une pratique, il est sorti de la vie à la fin de Mai 68 dans la résistance ouvrière à la
capitulation des syndicats" puis "la gauche ouvrière est passée d'une pratique antisyndicaliste à une autre : l'exercice du contrôle direct par la masse des ouvriers sur la direction de la lutte"
"Conclusions" "Nous devons substituer à une organisation anti-syndicaliste qu'avait tendance à être l'UNCLA [Union Nationale des Comités de Lutte d’Ateliers], un mouvement qui soit un lieu
d'échange, qui soit le plus souple possible, un mouvement extra-syndical d'être un initiateur de l'unité ouvrière et qui ne vise pas à organiser une tendance politique particulière". Puis la
couleur est annoncée dans les thèses de "Pour un mouvement du 12 Octobre en quelque sorte" : " Chaque milieu social révolutionnaire construit son mouvement du 22 mars ; ces organismes n'ont pas
besoin d'être doublés pour penser correctement, il n'est donc pas question de doubler le comité de lutte par une cellule communiste. Si l'organisation révolutionnaire (retour à la coordination
des mouvements divers du 22 Mars en quelque sorte), " il est vital de doubler cette structure horizontale par des lieux de masse, des maisons pour tous...il n'y a pas de"révolutionnaires
professionnels "".
Plus loin dans Regards Occitans "Sur les alliances de classe" : "Dans les régions comme la Bretagne ou l'Occitanie, la paysannerie joue un rôle de "force principale" dans les luttes
sociales". Ce qui est faux, car la classe ouvrière est bien plus nombreuse que la paysannerie, même si à certains moments des luttes paysannes importantes peuvent être un détonateur. "Le
centralisme démocratique est inconcevable comme modèle d'organisation en France en 1973. Seul un principe "fédératif" peut convenir" et de se référer à la Commune de Paris, Narbonne, Marseille.
"Notre critique du "nationalisme" comme fondement des mouvements des minorités ethniques conduit au fait que nous ne sommes pas pour la constitution de partis nationaux bretons ou occitans". Ce
dernier point de vue est juste, la réorganisation de la France ne peut se réaliser qu’à partir d'un plan central, basé sur l'enquête des besoins locaux d'un côté et de l'autre les moyens centraux
mis en oeuvre pour que cette réorganisation tendant à une répartition correcte équilibrée de la population, des moyens de productions, d'échanges etc., ne peut être réalisée qu'avec un juste
équilibre entre le centre et les différentes régions, en tenant compte des particularités, avec le droit à l’autodétermination des peuples. Ceci montre en tout cas que le MTA (mouvement des
travailleurs arabes) qui écrit ce texte a bien vu les dangers du communautarisme.
Dans "QUESTIONS DE STRATEGIE" : "Un pouvoir populaire (Prolétarien selon nous) ne pourra s'établir durablement qu'au prix de combats armés pour briser la réaction des vieilles classes
exploiteuses : cette certitude nous vient de l'expérience de tous les mouvements populaires (et prolétariens) en France et dans les autres pays. "
Le défaut de la Gauche Prolétarienne, c'est le même défaut que l'on retrouve avec tous les groupes qui se refusent à reconstituer le Parti ou qui se refusent à unir les maoïstes. Il en va de même
de ceux qui ne veulent pas voir que l'ancien mouvement m-l a fait faillite après avoir répudié le maoïsme pour les uns ou pour d'autres qui ont abandonné la lutte ou ont rejoint la
social-démocratie et le parti révisionniste lorsque Teng Xiaoping a pris le pouvoir et imposer la restauration capitaliste en Chine, comme Khrouchtchev l'avait fait en U.R.S.S. Ils repoussent la
reconstitution du parti, ou sèment la division quand le processus est amorcé.
Les uns ne veulent pas voir les défauts de la Gauche Prolétarienne et ce qui a conduit cette organisation la plus dynamique et la plus proche des idées maoïstes à la liquidation. Les autres ne
voient que la réactivation du courant m-l hoxhdiste (tenants de l’expérience albanaise) sans voir qu’il n’a rien produit dans la révolutionnarisation idéologique, qu’il n’a même pas tenté
d’utiliser, même de façon limitée, la violence révolutionnaire et essayer de l’organiser pour renverser la bourgeoisie et reprenant après Mao Zedond : « Le pouvoir est au bout du fusil ».
CONCLUSION
En premier lieu le Parti maoïste doit s’édifier principalement sur des bases d’usines, aller où sont les masses en lutte, entrer en contact avec les masses pour apprendre d’elles, et créer des
organisations intermédiaires permanentes de syndiqués et de non-syndiqués et regrouper les éléments les plus avancés dans le Parti maoïste. Il faut établir des bases d’appui sur une zone
géographique ouvrière et populaire.
La difficulté d’établissement de militants dans les usines est plus difficile qu’à l’époque de la G.P, pour la simple raison que le chômage est 5 fois plus important aujourd’hui. Il était facile
de retrouver du travail, le lendemain même d’un licenciement, alors qu’aujourd’hui on n’est pas assuré d’en retrouver un. On est obligé d’accepter n’importe quel travail, car désormais on ne peut
refuser plus de deux offres d’emploi car on risque alors la radiation de l’ANPE.
La crainte de perdre son emploi sans pouvoir en trouver un autre, freine la combativité des travailleurs. Les journées d’actions syndicales sans lendemain découragent les plus décidés à se
battre.
Il faut dans cette nouvelle situation reprendre la démarche des équipes de jeunes militants pour faire de l’agit-prop aux portes des usines. Un autre obstacle se dresse : la
décentralisation des zones industrielles, artisanales ou commerciales. Si l’établissement est moins aisé pour les jeunes étudiants, il est nécessaire comme on disait d’aller aux masses,
donc de sortir de la fac pour aller aux portes des usines en choisissant les grandes usines à forte concentration ouvrière, mais aussi les usines en grève, les usines où les menaces sur l’emploi
se font sentir. Il s’agit de mener une action prolongée, avec un travail régulier, pour avoir un ou plusieurs contacts dans un premier temps pour que la propagande colle au plus prêt des besoins
des masses de l’usine, de l’entreprise.
Il faut essayer de lier les besoins et revendications des différentes couches de travailleurs dans l’usine. Pour autant, il faut isoler, lutter contre les pratiques des éléments réactionnaires de
la hiérarchie, haïs par les masses, et gagner les cadres intermédiaires qui rechignent ou appliquent à contre-cœur les ordres d’en haut, la volonté des actionnaires.
Les augmentations de salaires doivent être basées sur le principe d’égalité et non au pourcentage, pour la simple raison que le « prix du beefsteak est le même pour tout le monde » et que
les plus pauvres ont encore plus de besoins insatisfaits.
De même il faut lutter contre la politique d’accompagnement, de cogestion, voire de collaboration de classes de certains délégués timorés, comme doivent être combattus les mouchards, les
délateurs, ou les flics les plus réactionnaires du patronat. Il faut soulever la chape de plomb, la politique d’intimidation, l’attitude pessimiste, le travail de sape, les pressions, le
chantage, organisés à l’intérieur de l’usine, de l’entreprise, pour libérer l’initiative combative des masses. Il faut former un comité de lutte unissant syndicalistes de toutes tendances
et non-syndiqués pour préparer l’offensive contre le patronat. Le Comité de lutte doit faire la distinction entre la masse des syndiqués et les éléments réformistes, gagner la masse des délégués
honnêtes prêts à se battre sur des positions de classe, qui seront de plus en plus nombreux au fur à mesure du développement de la crise du capitalisme. Il faut distinguer « les contradictions au
sein du peuple et celles entre l’ennemi et nous »
Dans les quartiers, les masses populaires peuvent reprendre l’initiative, la révolte des banlieues a montré que « une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine » que plus que jamais « on a
raison de se révolter ». De même dans les usines où malgré le chantage, la répression, le sabotage des réformistes, des luttes de plus en plus nombreuses se déroulent.
Au fond « les masses veulent la révolution ». Il est évident que sans stratégie politique pour la conquête politique du pouvoir, sans parti, il est impossible de combattre le réformisme et le
révisionnisme. Nier qu’il faut un Parti de type nouveau maoïste c’est renouveler les erreurs spontanéistes de la G.P.
Ceci dit, nous devons reprendre à notre compte les aspects positifs de cette organisation, son esprit combatif, sa liaison avec les masses, non seulement ouvrières mais populaires, car un
communiste doit lutter dans toutes les couches de la société sous la direction du prolétariat et sur la base de sa stratégie, afin d'organiser les différentes couches du peuple et les unir
dans le Front Populaire Uni, le troisième outil de la révolution pour unir le peuple, les deux autres étant le Parti et l’Armée Populaire.
La G.P a posé plusieurs questions d’importance :
-
Briser les cadences.
-
Refus de l’augmentation au pourcentage qui creuse les écarts.
-
Contre la militarisation du travail (chefs-flics,…).
-
La résistance populaire (rendre coup pour coup)
-
La lutte contre la collaboration de classes dans les syndicats, pour un syndicat de lutte de classe,
reconstruit à la base (par ateliers).
-
La préparation révolutionnaire de l’opinion.
-
La multiplication des luttes (grèves sauvages, baisses des cadences, séquestration des hauts cadres et du
patron, blocage de la production, ralentissement de la production, occupation de masses, voire sabotage).
-
Résistance contre l’Etat policier ;
-
Lutte dans les centres d’éducation surveillée et les prisons.
-
Délégués des comités d’Atelier révocables à tout moment.
-
L’AG est souveraine.
-
Action directe, pas de dépôt préalable de grève.
-
Elargissement de la grève (débrayage, information etc.) sur les autres usines ou entreprises du
secteur ou/et du groupe.
-
Dénonciation des collabos du patron.
-
Actions exemplaires contre les plus réactionnaires.
-
Affirmation de la nécessité de la violence révolutionnaire.
-
Unité français-immigrés.
-
Non aux expulsions des logements.
Parti Communiste maoïste de France 28/11/2008